Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

,. 4o LA BELGIQUE LIBRE • Cette énorme disproportion de forces, il est vrai, ne devait être que temporaire. Aux Belges harassés, épui!;lés,démoralisés peutêtre, décimés en tout cas et par le siège d'Anvers et par huit jours d'une retraite plus que pénible, le haut commandement français ne demandait qu'une seule chose : tenir pendant quarante-huit heures, jusqu'à ce que des renforts arrivent. Mais pourrait-on tenir, même pendant quarantehuit heures? Les meilleurs en doutaient. Le 15 octobre, sur la place de Furnes, je rencontrai Paul Lippens, grand propriétaire et grand industriel, qui s'était engagé comme simple soldat au début de la guerre, et qu'une halle perdue devait tuer neuf mois plus tard. Il me le dit,très net : dans l'état où est l'armée, si elle résiste pendant deux jours, ce sera un miracle. Un miracle, soit; mais ce miracle, l'esprit de liberté, l'amour farouche du sol natal allaient l'ac- _complir. Dès le lendemain, 16 octobre, on tirait les premiers coups de canon, et, huit jours après, lorsque je revins sur l'Yser, les fusiliers marins à Dixmude; ailleurs les Belges, les seuls Belges, attendant toujours des renforts, des renforts qui ne venaient pas, tenaient encore, obstinément, désespérément, malgré la fatigue, malgré la tension nerveuse effroyable de huit jours de tranchées, malgré le feu Biblioteca Gi'lo B a,ric-o

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