Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

LA BATAILLE DE L'YSER 36 nement belge partit d'Ostende pour Le Havre,je ne croyais pas de sitôt remettre les pieds en terre belge. Le hasard soit béni qui en décida autrement. Nous arrivâmes au Havre dans la soirée. M. Augagneur, ministre de la Marine, nous reçut au nom du Gouvernement français. Il m'annonça son départ, le lendemain, pour notre Grand Quartier général, où il allait saluer le roi Albert. Je lui demandai de l'accompagner, et, le 15 au matin, nous étions à la frontière belge. De Dunkerque à Furnes, où était le Roi, il y a vingt kilomètres à peine. Notre auto mit _plus de deux heures à les franchir. Sur la route et dans les champs qui la bordaient, tout un peuple fuyait devant l'invasion : en cette· seule journée, plus de 60.000 fugitifs arrivèrent à Dunkerque, à pied, en carrioles, ou dans les bagages de la troupe et, avec eux, - spectacle que je n'oublierai de ma vie - 30.000 hommes de la garnison d'Anvers, éreintés, débandés, beaucoup ayant jeté leur fusil et leur sac, qui s'en allaient droit devant eux, jusqu'au m9ment où des barrages de gendarmes les arr~- taient au passage. A voir cette débâcle - je n'ose pas dire cette retraite, bien que, sans doute, elle ressemblât à toutes les retraites - on eût pu croire que tout était fini, qu'il n'y avait plus d'armée belge, que demain il n'y aurait plus de Belgique et qu'aux ~ I:; JOt C I Gl'1C> 8 8'1L 0

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