Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

3o LA BELGIQUE LIBRE - Les voyez-vous parfois? demandai-je aux officiers qui étaient près de moi. Et déjà l'un me répondait : " Presque jamais. Tout le jour durant ils se terrent comme des taupes ... », lorsque, me saisissant par le bras : - Regardez vite, me dit quelqu'un, droit devant vous, tout. près. Dans la direction de ce poteau. En voici un 1 A vingt pas de nous, en effet, une main dépassait le parapet de la tranchée allemande et, l'instant d'après, nous vîmes le propriétaire de cette main qui se découvrait un peu. Des fusils, déjà, étaient braqués sur lui et le visaient longuement, soigneusement, comme on vise une bête fauve dans une chasse à l'affût. Cela dura trente, quarante secondes, et j'eus le temps de me poser cette question. « Souhaitais-je que nos hommes tirent juste? » Eh bien, non, je ne le souhaitais point, comme je · l'eusse souhaité peut-être si, la veille, j'avais vu tomber près de moi quelque camarade. En quelque sorte, malgré moi, je faisais des vœux pour que l'Allemand en réchappe. Un coup partit, puis deux autres. Mes vœux étaient exaucés, et je me disais que, sans doute, mieux eût valu réserver ma pitié pour d'autres. Au reste, l'instant d'après, un coup de fusil, tiré en réponse, nous replaçait devant ce dilemme de toute guerre : tuer ou être tués 1 s·b ioteca G1'1oB•a'1rn

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==