Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

L'EFFORT BELGE tance est aussi ferme et, vous allez le voir, parfois aussi héroïque, chez ceux qui dirigent les ouvriers que chez les ouvriers eux-mêmes. ' Je vous ai parlé de patrons, de directeurs d'arsenaux, qui ont été emprisonnés parce que leurs ouvriers se refusaient au travail. Il y a eu, à Gand, un fait indiciblement plus grave. Un des hauts fonctionnaires de l'Administration des Chemins de fer, M. Lenoir, détenait des documents relatifs à la marche des trains, qui eussent été précieux pour l'envahisseur. On le somma de livrer ces documents. Il refusa et il fut traduit, sous prétexte d'espionnage, devant une cour martiale, qui le condamna à mort. Eût-il espionné, cela eût voulu dire qu'il fournissait des renseignements utiles au Gouvernement de son pays. Mais lui-même et sa famille ont protesté jusqu'au dernier moment contre cette accusation, et ce qui prouve qu'il s'agissait d'autre chose, c'est que, jusqu'au dernier moment aussi, on lui offrit l'occasion de sauver sa vie. On le fit sortir de la prison et on le conduisit sur le champ d'exécution, où on avait traîné sa femme. On le fit passer devant son qercueil. On lui montra l'endroit où il serait enterré. S'il avait cédé à ceux qui lui demandaient de livrer son pays, il était sauvé. JI a refusé. Il est mort en brave, et quand la Belgique aura retrouvé son indépendance, elle honorera M. Lenoir, comme les Anglais, comme le monde honorent Miss Edith Cavell.

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