Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

104 LA BELGIQUE OCCUPÉE nouvelles. L'autre jour encore, dans les tranchées, les deux premiers soldats que j'interrogeais me répondaient que, depuis le jour où les Allemands étaient entrés en Belgique, ils n'avaient jamais reçu une lettre, un message, un mot de leurs parents! Songez, dans ces conditions, quelle force morale doivent avoir ces hommes qui n'ont plus qu'un seul bien : l'espérance I Ils voient leur patrie pardessus les sacs de terre des tranchées. Souvent à côté d'eux, je l'ai regardée avec eux. Risquant la tête dans une embrasure, ou bien dans le miroir d'un périscope, je voyais devant moi la plaine grasse et fertile des Flandres, les maisons de Westende, l'église de Middelkerke, les tours de Bruges et dans cette brume matinale, comme une vision de mirage, à certains moments il me semblait voir, et il leur semblait voir, le lourd beffroi de Gand avec sa cloche joyeuse ou menaçante, les églises de Liége, avec les charbonnages qui entourent la ville, ou bien la flèche aiguë de l'Hôtel de Ville de Bruxelles, en haut de laquelle, sans doute bien des fois, ceux qui sont restés sous la main de fer des Allemands ont regardé, dans un élan d'espoir, l'archange saint Michel, l'épée levée vers le ciel, terrassant le démon lourd et grossier. ' Ce qui nous console malgré tout, c'est que nous avons la confiance, que dis-je? la certitude de revoir nos villes, de retrouver nos compatriotes. C'est pour cela que les soldats belges ne sont pas Biblioteca G1'10B a'1CO

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==