Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

-150 - solemment la licence de mal écrire. }fais cependant n'y a-t-il pas, à Pa.i·is et ailleurs, d'autres murs? Les ennemis de l'art, à défaut de génie ou même de sincérité, sont doués par la nature d'un inslinct presque infaillible; ils flairent que le seul fait de mettre aujour une belle œu ue, dans la pleine souveraineté de son esprit, constitue un acte de rérnlte et nie toutes fictions sociales; et comme ils tiennent à prolonger au tant que possible l'existence d'un état de choses qui leur agrée, leur attitude n'est pas surprenante.:.\fais parmi les formidables hérauts des antiques races opprimées, qui clament la justice prochaine etla destruction des 1yrannies plus que séculaires, quelques-11ns témoignent à l'égard des lettres une méli.ance sans doute irraisonnée et s'entêtent à considére1· les philosophes et les poètes comme des idéologues plutôt nuisibles et cle vains joueurs de flùte. Il me semble bien qu'ils ont tort et que la bonne littérature est une forme éminente de la propagande par le fait.. Et que l'on ne se méprenne point : je ne prétends pas opposer ici, selon une assez ridicule tradition, les « onniers de plume ,, aux trarnilleurs <lela mine, <le la glèbe ou de l'atelier, ni demander au moins des circonstances atténuantes en fa\·em· de ceux qui combattent directement, par le drame, le roman, la polémique économique et sociale contre !"ordre établi : il va de soi qu'un livre comme Sebastien Roch et comme !'Abbé Jutes contribue d'une manière apparente et indubitable à ruiner la supcr,;tition de la loi, du sacerdoce, de la patrie, de la famille et de la propriété. De même quand saint Ambroise écrit : « C'élait un riche aussi qui fit appCll'ter it « sa table la tête du prophète panne : il n'avait point « trouYé pom la danseuse d'autre salaire que d'ordonner « la mort d'un pauvre», lïrnnie terrible rnle à trnvers les siècles et Ya frapper aujourd'hui, demain, toujours les tétrarques, les pharisiens, le5 marchands d'or. Non, ce serait tricher que de mettre en usage des argnments aussi grnssiers et toute œuvre, fulminât-elle l'anathème contre les jours futurs, qui atteste quelque grandeur (1) Liber de :Vabuthe Jezracl th((, cap. v. BibliotecaGinoBianco

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