Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

elles, elles doivent se sauvegarder, sinon la cat{•goried'individus dont elles sont les directrices tendra à disparaître comme tend à disparaître une espèce plus faible. Donc tout êtl'e qui vit d'idées, doit accrottrc en lui l'énergie conservatrice de ses idées, il doit lutter pour elles et les défendPe contre les idées ennemies. Aussi, faisant dola r:ritique, il ne pourra la faire qu'en combattant. Les hommes, pour lui, ne deviendront que les chevaliers d'essences hostiles ù. sa propre essence, l'individu disparaitra derrière l'idée qu'il incarne, et seuls, ceux qui ne sauront pas faire cette distinction capitale, trniteront ce dogmatiste de spadassin amateur de coups, cherchant uniquement ft frapper un rirnl. On lui reprochera de manquer ,'t l'indulgence qu'il doit ,t ses semblables, d'être dépourvu de la divine et nécessaire bonté. Ce reproche a été fait à bien des théologiens, à bien des philosophes, hommes doux et bienveillants de nature, pitoyables à leurs frères autant que durs ù eux-mêmes et, cela simplement parce qu'ils se montraient irréductibles idéologues, et acrimonieux dispu teurs. Cependant on ne pouvait en bonne jusiice obliger Plotin ou St-Irénée, ù ménager leRgnostiques ennemis de leur métaphysique ou de leur foi, puisque cette foi et cette métaphysique étaient nécess:üres à leur existence morale. Quelques éclectiques ont essayé, je le sais, d'accorder ces choses contradictoires. Le beau est partout, disent-ils, soyez larges, indulgents, cherchez le beau et Yous le lrouverez. Où est le beau? pourrait-on demander à ces rhéteurs. lis seraient embarrassés pour répondre, et s'ils répondaient, on verrait que le beau qu'ils conçoivent, ne se trouve pas dans tout. Si le beau est pour moi 1:éalisé dans le Phédon et clans les Enuéades, dans te Prométhée d'Eschyle ou tians l'Hamlct, je ne samais le reconnaître clans une ordure médanienne, dans un roman mondain, ou dans un vaudeville, et peu m'importera si roman ou vaudeville sont impeccablement exécutés d'après les règles d'un canon préalablement établi, puisque c·est ce canon que je repousse. C'est ce canon quo je dois combattre, et toute œuvre qui s'y rattache je la dois rejeter, parce B1bliotecaGino Bianco

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