Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

--158 - II En pt'oie à la dirnrgence de l'exil ils ne pouvaient rien contre la double fot'ce qui les opprimait. De froides cuirasses d'un fer niellé de toutes les fleurs stériles des prairies souterraines counirent leurs poitrines. La voix frêle de la jeune tille se grossit de la sonorité du casque et la voix forte de l'éphèbe s'étouffa sous la matité de la visière d'ait'ain. Le glaive, la lance, l'armure leur attribuèrent, d'accol'd avec l'o.cculte puissance qui les maîtrisait, poul' la douloureuse aventure de leur destin, les apparences guerrières d'un Amadis etd ·une Marphise, et tous deux partil'ent, guidés par le:.irs Arbitres despotiques, chacun ù une orée de la forêt, s'aimer d'un amour misérable et privé, ù travers les terres, les monts, les chemins, les villes, à tra rcrs eux-mêmes! 111 Vers les mystérieuses querelles des at·mes ils allaient par des routes di verse;,. Lui chevaucha d'abord de mornes landes piel'reuses pl'Olongées sous le ciel Yide en des silences transpercés d'oiseaux criards dans le Yent qui, d'une aile immense, parcourait la nudité muette des vastes plaines. Son ombre sous le soleil ou sous la lune le précédait comme un fantôme déjA las qui se couche1'ait toujours pou!' dormir et qu'éveilhüt le pas du cheval qui, de luimême, vers le soir, s'arrêtait pour manger la mousse des rochers humides de ,;ources minces jaillies de l'entraille de la pierre en claires et patientes larmes. Son armure déjù, ternie était fruste de poussière, et il passait, lueur sourde, .~ur l'obscut'ité du sol et parmi la ténèbre nocturne. Elle! marcha, longtemps, à travers des mal'ais où Cl'OUpissait l'eau extt'avasée de la mer; le sel de cette stagnante amertume cristallisait aux rives paludéennes une poudre adamantine; J'herbe était amère comme le pain du pauvre, et les arbres si gt·êles que le soufle du vent les ployait comme des roseaux; et ces humides salines se désséBibliotecaGino Bianco

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