Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 88 - .Je songe quïl paraiL tous les jours un livre comme celui-lit, également honol'able, t'galement bon, également dénué d'intérêt, et je me demande: quand se lassera-t-on de faire de tels romans, quand se lassera-t-on de les lire? Les Pm·isiens, par Francis Chevassu (A. Lemene, éditeur). Sousce titre, 11. Francis Chevassu a réuni une série de portraits de personna~es considérables, ou simplement notoires, nés pour la plupart en province. C'est Bonrget et ::.\foilhac;Anatole de la Forge et Maurice Barrès; M. Floquet et Alexandre Dumas; Arsène Houssaye et TonyRévillon. ht tous sont esquissés avec espt'it, étudiés aYec subtilit(\ pat· un écrivain analyste et spirituel, au style verveux et clair. Le livre agrée, léger et rapide, avec son ton de discrète ironie, ou de raillet'ie sùl'e. ll évoque une causerie, un soir, au fond d'un fumoir, avec un homme d'esprit délicat et délié. La (aniitte cl'A1·melles, pièce en trois actes en prose pat' Jean Manas (Bailly, éd.). Le dialogue de :M. Marras a parfois des accents corneilliens avec ses sonorités amples, sa précision éthique. Débarrassée des accidents secondaires (pas assez complémentail'es, pent-être) le drame est tel: un homme, ayant tué sans pitié son épouse adultère, se dresse, vingt ans plus tard entre son fils et sa bru coupable - fantôme du crime inutile, et qui après vingt années en arrive à se châtier lui-même d'un aveu révélateur par où il perd son fils, mais lui épal'gne l'inutile crime, le sien. Ce drame, on le voit, est plus haut que le double épisode d'adultère qui en forme la trame apparente: cela était si bien dans l'esprit de l'auteur qu'il s'est à peine intéressé it la psychologie du séducteu1·, à peine à celle du mari trahi - la tragédie est dans l'âme du vieux commandant qui lutte contre la fatalité binair·e qui gouverne les crimes, les sinistres, lesdeuils - qui lutte vingt ans -et tombe vaincu. La thèse, car il y en a une, conclut : les droits de renfant l'emportent sui: le droit du mari. Cette pièce a été représentée pour la première fois à l'Odéon (2 oct. 1883). BER::,SARD LA1/.ARE. BibliotecaGino Bianco

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