Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 85Thulé des B1•umes, pur ADOLPHE RF.TTf: (Bibliothèque urtbtique et littéraire). Si M. Du mur. se rattache au romantisme, par une désespérance bonne tout au plus à fournir des sujets de pendules, M. H.etté tient it eux par le choix tout spécial de son procédé d'art, car lui, qui est un poète de talent et un esprit subtil, s'est laissé captiver par l'opium et. le haschich chers à Baudelaire et aux habitués de l'hôtel Pimodan. 11ne peut être question ici des inconvénients phvsiologiques d'une semblal>lehabitude, mais les inconvénients psychologit1ues et littéraires nous intéressent. Pour M.Retté, ils ont été fort grands, car il a perdu à sa méthode de travail, toute personnalité et Thulé dès Brumes n'est qu'une suite de virtuosités sur telle ou telle page lue avant· ou pendant l'ivresse haschichine. Selon le hasard de ses lectures quotidiennes, :.\1. Retté a exagéré ou déformé une pensée de Laforgue, une vision de Baudelaire, quelque évocation de Maurice Maeterlinck, un conte même de M. Mendès. Parfois, et cela est plus grave, il s'est contenté de transposer les imaginations de ceux qu'il fréquenta: ainsi dans la« Légende du bon Pauvre» nous trouvons un Roméo et une Juliette, qui nous rappellent singulièrement l'Hamlet des Moralités légenclaires; ainsi encore d'un certain ange de !'Hérésie, emprunté a quelque rêve d'Edgard Poë et qui a seulemenl changé d'attribution. Pour être juste, il faut reconnaître que la déformation ou l'exagération de quelques-uns de ces songes est curieuse; lesens qui préside à ces transformation est un sens d'artiste subtil, d"écrivain délicat, et les vers Lle M. H.etté, antérieurs à Thulé des Brumes, le prouvent surabondamment; ils prouvent aussi que le poète de Cloches en la nuit, n'aurait nul besoin, pour nous intéresser et nous plaire, de recourir à des procédés dangereux. En nous donnant son livre, il nons dit: Voici les divagations d'un mangeur d'opium et de haschich. Cela est fort bien, et certes, nous trouverions peu de mangeurs d'opium, capables de susciter devant nous des paysages aussi complexes, des héros aussi séduisants; mais tout au plus pouvons-nous conclure, dans le cas présent, que nous BibliotecaGinoBianco

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