Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

- 255 - De:-;v1s1ons de femmes passaient, alanguies dans des coussins, déesses marmoréennes de nonchaloir, profils blafards où vague le clinquant d'un long œil noirci. Blanches (,toffes, tulles 1t,gers, ondulations de panaehes, bouffettes d'esearpins ..... Les chiens arnient des paletots et les messieurs des .ga~"lhnias. - Papa, tu m'achèteras une Yoiture, dis, avec un grand ehe,·,tl ..... - Tu sais bien que je no peux pas; nom; sommes trop pauYres..... - M,tis puisque tu trarnilles ..... - Va ... , j'aurai. beau être courbé du matin au soir sur rétabli, nous serons toujours des malheureux. L'homme se tut. Dans sa face noiràtre, ses yeux, enfoncés ::;ous leurs arcade:, par une dure contraction, ardaient. Avec une exaspération crispée qui, succédant au 1on douloureusement résigné de tout à l'heure, montrait le crescendo de ses pensées intimes, il dit, tirant par saccades la main du moutard : - Tu vois mes bras ... Tout le jour ils besognent... Le soir ... , mes reins sont brisés, mes épaules plient ..... Je produis aYecmes brns ... de quoi nourrir vingt bouches ... , rt la paye que j'apporte à la mère ne peut pas nous faire manger ..... Il faut encore qu'elle use ses poumons à la peine .... . Tandis que clans le soleil s'ébroue la chenrnchée fastueuse, une foule endimanchée emplit le trottoir de son t'légante procession. Cassures chatoyantes et froufrous de soies,luisance cleshauts de forme,pommeaux métalliques <les cannes, fumée bleue des cigares, terne orangé des gants. Les mains des dandies ont des ge tes maniérés où lnit l'éclat de diamants. Des craYates daires sur plastrons drginaux ('gaient les jaquettes. De lourds cheveux en grappe caressent les cols dénus. Sourires de femmes. Saint-Cyriens aux tons criards d'images cl'J!..pinal,élèH•s de Polytechnique, aux allures tristement vieillotes de séminaristes-policemen, cuirassiers largement gantés de plâtre, promènent leur architecture guindée. Des nourrices, que les Yolumineuses épingles de leurs bonnets font ressembler ù de jeunes ruminants à peine cornés, soupèBibliotecaGinoBianco

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