Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

S.lC -vo.s.:.. L'homme avait alourdi ses membres dans une lévite dont la terne solennité s'était lustrée à maintes cérémonies familiales. De lourdes demi-bottes, en veau durci par les hn-ages, lui faisaient des pieds de statue colossale. Un melon noir dômait sa face toute E.n os. 11allait, le dos rond, l'œil terne, grognonnant de brèves paroles à l'adresse de son petit, un gosse hùve, cheveux couleur de cfianvre, dont les yeux glauques roulaient clans un cerne de misère. La mère, restée clans la mansarde pour l'achèvement d'une besogne, l'avait déharhouillé, peigné, vêtu de coutil tout blanc, puis cravaté d'un ruban ponceau. Le petiot, comme allégé par cette toilette, trottinait allègrement et, multipliant les petits pas de ses courts fuseaux, suivait son père qui marchait, marchait à lourdes et grandes enjambées, le regard fixé vers des horizons immatériels..... . - Pourquoi que tu me mènes promener aujourd'hui, papa, fit le marmot en leYant vers son père sa face blême, déjit ridée. - Parce que, le dimanche, l'atelier ferme. - T'as pas le droit de traYailler, alors? - Non, et puis, il faut que tu prennes l'air ... Ici, il y a du soleil. .. , tandis que chez nous ..... L'anguleux yi,;age de l'homme durcit. Sonrlnin, lui était appal'U cfans l'allégresse de cette clail·e journée d'été son taudis noir comme un foumeau de cuisine avec le grabat, la tabatière et les plombs. L'enfant regardait les gerbes du bassin s'arrondir en bouillonnantes arabesques dans un halo de Yapeurs irisées. Biblioteca Gino Bianco

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