Le Contrat Social - anno XI - n. 4 - lug.-ago. 1967

198 sentant de l'Iraq tenait à la Ligue arabe ce langage : « La Ligue est vendue aux impérialistes, son Secrétaire général se donne comme une fille de joie au plus offrant ( ...). Votre ligue n'est qu'une association de malfaiteurs et son Secrétaire général est l'esclave de la République arabe unie ... » Ainsi parlaient des Arabes plus arabes que N~sser à propos de cette Ligue qui a édité une fausse version du Talmud tirée à millions d'exemplaires pour faire croire que cet ouvrage prescrit de tuer tous les· non-Juifs afin de trouver place au paradis (sic), et qui, de concert avec le gouvernement égyptien, a organisé une série de conférences sur le thème : « Les Juifs, ennemis du genre humain » ( re-sic) pour accuser iceux de boire le sang des musulmans et de combattre le dieu de l'Islam ( ...qui est le même pour les trois religions issues des mêmes Ecritures). On voit que les tout premiers, ce sont des Arabes, ou des Egyptiens, ou d'autres mahométans déguisés en Arabes qui, comme tant d'Européens et d'Américains incultes, emploient indistinctement des vocables distincts pour vouer les Israéliens aux gémonies. Politiciens, diplomates, journalistes et commentateurs de tout poil font écho dans le monde entier, de sorte que le public ne sait ce qu'il faut entendre par Juifs (qui la plupart ne sont pas sionistes), par Sionistes (qui souvent ne sont plus juifs), par ceux-ci ou ceux-là qui ne sont pas Israéliens, par les sémites antisémites et autres notions obscurcies avec le temps, confondues dans de fausses équivalences, substituées l'une à l'autre comme pour mieux embrouiller les choses. Les mêmes Arabes ou soi-disant tels qui affirment n'avoir rien contre les Juifs et ne s'en prendre qu'aux Sionistes ne parlent que d'exterminer tous les Juifs sans exception, buveurs de sang islamique. Dans tous les pays membres de la Ligue arabe, ils ont persécuté les Juifs inoffensifs qui n'étaient pas sionistes puisque décidés à demeurer dans leur pays natal, ils les ont dépouillés de tout et chassés à jamais, les rendant pour ainsi dire sionistes malgré eux. A part cela, ils n'ont rien contre les Juifs, leurs frères ou cousins en « sémitisme », disent-ils chaque fois que le sort des armes leur est défavorable. Quand ils parlent des Sionistes, dénomination des pionniers agricoles du retour à Sion, ces faux ou vrais Arabes font semblant de méconnaître que la grande majorité de la population actuelle en Israël a dépassé depuis belle lurette l'étape du sionisme. Ils se proclament sémites autant que les futures victimes dont ils se promettent l'hécatombe alors que sémite Bibli_otecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL n'est qu'une étiquette de classification linguistique sans connotation raciale, d'ailleurs approximative et discutable ; et qu'entre des origines très diverses, les Juifs d'extraction. plus ou moins sémitique douteuse sont le moindre nombre (ceux de provenance russe, pàr exemple, étant surtout de souche turque). D'autre part, sans songer à mal, on appelle couramment Juifs des gens qui n'ont plus rien de commun avec le judaïsme, car ils ne tiennent aucun compte des 613 commandements de la Tora, ce· qui met en cause la pauvreté du vocabulaire (sauf si l'on professe une théorie raciste). Pour sortir de tant d'équivoques, ambiguïtés et malentendus, il semble raisonnable de ne pas remonter trop haut dans le temps et d'éviter, en considérant les faits récents, les mots qui ont changé de sens, quitte à les dater dans cer·tains contextes. Disons pour clarifier les idées que l'actuel Etat d'Israël, ou Etat hébreu par la langue et l'inspiration traditionnelle, est aux prises depuis sa fondation non pas avec les Arabes, mais avec l'impérialisme agressif dénommé panarabisme, lequel ne prend de proportions dangereuses que par son alliance avec l'impérialisme soviétique qui lui fournit un formidable armement moderne, des instructeurs pour enseigner à s'en servir, outre un appareil expérimenté dé propagande sans précédent et sans rival. * * * DEv ANT la confusion cacophonique universelle qui incite des ignorants de toutes sortes, intellectuels de gauche, cuistres de droite, sermonneurs bénévoles, sans parler des menteurs professionnels, à s'épancher en vaines controverses pour décider si un petit peuple menacé d'extermination a le droit de se défendre, ou à envoyer sur ce chapitre des lettres ineptes au Monde et au Times de New York, on ne saurait omettre de relever brièvement les affirmations- aussi doctes que saugrenues selon lesquelles le Capital de Marx et le Coran de Mohammed étant incompatibles, les pays musulmans seraient immunisés contre le communisme ; ni celles qui prouvent en sens contraire que précisément le Coran s'accorde au mieux avec le Capital. Etant donné le cas que les stalinides font du Capital dont ils n'ont pas lu une page, cependant que les champions du panarabisme se soucient du Coran comme un poisson d'une pomme, il n'y a qu'à renvoyer dos à dos les radoteurs des deux bords. Citons notre collaborateur J. Carmichael : « Toute discussion du caractère prétendument irréconciliable de l'Islam et du communisme est oiseuse pour la bonne raison ·qu'une société en

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