Le Contrat Social - anno XI - n. 2 - mar.-apr. 1967

QUELQUES LIVRES ROUSS~Au. - Le Contrat social inspirera la Déclaration des droits de l'homme... [V. Emile, préface.] SCHOPENHAUER. - Son style (...) recouvre en f~t une doctrine qui (...) comporte peu d'éléments originaux. SEUIL. - .. .la loi du parallélisme psycho-physiologique de Fechner et Weber. [A PARALLÉLISME PSYCHOLOGIQUE, l'âne réitère.] RAISONNEMENT. - ... 2° l'induction, qui consiste à tirer d'un cas particulier (je vois une femme rousse) une loi générale (toutes les femmes sont rouSlies). Il est heureux pour la maison Larousse et c•e qu'en général le lecteur ne raisonne pas ainsi, mais le plaisant auteur ajoute : « Ce raisonnement est très créateur » (il a dit que la déduction type syllogisme est « assez stérile ») et poursuit : « mais fort peu rigoureux. Il est pratiqué en physique avec le plus de rigueur possible »... Le malheur est que, lorsque les ptofesseurs s'amusent ainsi (le cas Julia est assez connu dans les milieux universitaires, surtout parisiens), ce sont les candidats au baccalauréat qui en font les frais. Avis aux parents d'élèves et aux jeunes gens directement intéressés. Le Julia peut être un très utile instrument pédagogique pour enseigner ce qu'il ne faut surtout pas dire ou écrire. AUGUSTINTARCEL. La bêtise . jusqu'au XXe siècle exclu GUY BECHTELet JEAN-CLAUDECARRIÈRE: Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de ;ugement. Paris 1965, Robert Laffont édit., 505 pp. CET OUVRAGfEait normalement suite au précédent, bien que par son objet il le précède dans le temps. Il est dû à la collaboration de deux joyeux lurons, l'un journaliste, l'autre scénariste, tous deux romanciers, qui l'ont préparé dès les bancs du lycée (Lakanal, 1949). Les coauteurs ont estimé que pour juger de la bêtise, il faut du recul et c'est pourquoi ils se sont pratiquement arrêtés à la fin dti XIXe siècle. Cette opinion se défend. Tout se passe comme si les gens étaient aveugles aux travers de l'esprit dont sont affligés leurs contemporains : on l'a vu par l'exemple précédent (Julia). Mais l'opinion contraire pourrait aussi se soutenir, et cela par le même exemple. Si MM. Bechtel et Carrière disposaient d'un peu plus de temps (mais l'on n'en a guère dans Biblioteca Gino Bianco 129 leurs métiers), ils pourraient entreprendre une édition critique du Julia, dont nous n'avons pu présenter ici qu'un échantillonnage fort réduit. Peut-être même obtiendraient-ils d'un C.N.R.S. repentant une subvention pour mettre au point une telle édition et tireraient-ils de leur nouveau travail le même grade que M. Julia. Cette fois, ce serait justice. Mais si la bêtise des siècles passés est devenue inoffensive et simple objet de divertissement, celle du présent stupide xr siècle est aisément meurtrière, on le sait. Et il faudrait aussi, à côté de la bêtise proprement dite, entité déjà fort large, tenir compte des intérêts : sottise entretenue par grossier arrivisme, mauvaise foi, méchanceté vindicative (celle des nègres d'édition contre leurs patrons), etc. Il n'est pas d'occupation plus philosophique que celle qui consiste à sonder la bêtise. Flaubert avait raison : cela donne le vertige de l'infini. Il faut encore noter que MM. Bechtel et Carrière comptent pour bêtise des assertions qui peuvent être vraies, mais qui sont simplement contraires aux préjugés les plus courants en notre siècle. Nombreux seraient même les exemples de cet ordre. Enfin, on s'amusera beaucoup, en famille ou en société, en compulsant ce dictionnaire. Un homme de droite (autoportrait) A. T. ABEL CLARTÉ: Le Vrai Drame de l'école de France. Paris 1965, la Table ronde, 225 pp. SELONsa propre déclaration, l'auteur, professeur retraité, est « un homme de droite ». Et voici sa justification : il est antinationaliste (européiste), anticolonialiste, anticlérical au _point de friser le combisme, ennemi naturel de toutes les hiérarchies, partisan du divorce et de la liberté sexuelle. Cela ne suffit pas, dira-t-on ,avec raison. Intervient alors ce qui justifie amplement l'appellation contrôlée, selon les critères néo-gauchistes : non seulement il est « thala » (il va-t-à la messe) - ce qui ne serait pas encore une condi tian suffisante, eu égard à la modernité des sacerdotes, - mais encore il n'a jamais eu plus d'estime pour Staline que pour Hitler. Il ne pouvait plus éviter de se voir dresser par des personnes qualifiées le diplôme de fasciste, nazi, brûleur de juifs, mangeur de nègres, etc., diplôme à lui décerné d'autant plus bénévolement que, n'ayant jamais

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