118 par les. masses dans de nombreuses écoles et unités ». Dans leurs rangs se seraient trouvés « surtout des représentants des étudiants révolutionnaires ». Mais - et ceci devait prendre p~r la suite une importance croissante - les nouvelles organisations « conviennent non seulement aux collèges, écoles, etc., mais aussi aux usines, mines, entreprises diverses et villages » (point 9, souligné par nous). Buts. - Les tâches des gardes rouges étaient plus complexes que ne le suggère la formule « révolution culturelle ». Il existait sans contredit un objectif culturel, qu'il ne faut pas sous-estimer. Mais le but principal était nettement politique : l'objectif primordial de la grande révolution culturelle prolétarienne est « de .combattre et d'écraser ceux qui, placés à des postes responsables, suivent la voie capitaliste » (point 1). Et cela était répété de façon explicite : « Que toutes les forces s'unissent pour 'frapper la poignée d'éléments de droite bourgeois ultra-réactionnaires et de révisionnistes contre-révolutionnaires ; dévoilez et stigmatisez à fond leurs crimes contre le Parti, le socialisme et la pensée de Mao Tsé-toung » (point 5). Qui apprenait aux jeunes révolutionnaires à identifier. ces malfaiteurs? Le Parti, bien entendu. Ils recevaient leur prétendue éducation de masse « sous la direction du parti communiste » (point 9). De fait, le Comité central « exige des comités du Parti à tous les échelons » qu'ils donnent une « direction correcte » en soulevant les masses et en décidant des moyens d'atteindre les différents objectifs politiques (point 3). _ Pour des raisons évidentes, la Décision ne mentionnait pas explicitement les membres du Parti dans l'armée. Mais l'expérience a montré que les militaires prirent la direction partout où les civils n'étaient pas considérés comme dignes de confiance. Objectifs. - Les « éléments antiparti, anti~ socialistes » seraient écrasés. Ceux qui n'ont fait que « dire ou faire quelque chose de mal, ou ont écrit quelques mauvais articles », devaient être traités différemment. La direction du Parti devait « s'appuyer fermement sur la gauche révolutionnaire ». Elle devait isoler complètement les éléments de droite réactionnaires ; ~Ile devait « se concilier le centre et se rallier la grande majorité, de sorte que lorsque la manœuvre sera terminée, nous aurons réalisé l'unité de plus de 9 5 % des cadres et de plus de 9 5 % des masses » (point 5). ·Bibliôteca Gino. Bianco -·, . •' • J ~, L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Méthodes. - Il fallait utiliser la manière forte : « Ne craignez pas le désordre. Le président Mao nous a souvent enseigné qu'une révolution ne peut s'accomplir avec beaucoup d'élégance et de délicatesse, ou avec beaucoup de douceur, d'amabilité, de courtoisie et de grandeur d'âme. » Les personnes dont le dossier était « noir » devaient être traitées rudement. Les humiliations publiques, les assassinats et les nombreux suicides qu'on - a ·rapportés furent la conséquence logique de ces directives. Mais les individus faisant partie du vaste groupe intermédiaire, le groupe « gris » (pour compléter la palette communiste), devaient recevoir un traitement différent. Ceux qui étaient prêts à corriger leurs erreurs recevraient des encouragements judicieux. Et les débats seraient menés en faisant appel « à la raison, non à la coercition et à la force » (point 6). Certains personnages de haut rang, MmeSun Yat-sen et Chou En-lai par exemple, reçurent des avertissements « éducatifs », mais ils n'en continuèrent pas moins à occuper leur place au sommet de la hiérarchie. Ainsi, le traitement « gris » de ces éléments « gris » n'était pas dû à l'indécision des dirigeants, mais à leur conviction qu'une petite tape administrée de temps en temps ferait rentrer les tièdes dans le rang. Bien entendu, les zones ne sont pas nettement délimitées, et les gardes et leurs chefs .commirent à coup sûr bien des erreurs. Surtout; le traitement « gris » n'explique pas les changements qu'a subis la situation de Liou Chao-chi ou celle de Teng Hsiao-ping, lesquels appartiennent évidemment à une catégorie différente. Quoi qu'il en soit, le fait que nous nous rendions compte de l'existence d'une zone,, ·« grise·>>devrait nous empêcher d'adopter une vue simpliste sur la politique de Mao-Lin. Premièrement, cette politique vise deux objectifs importants. Deuxièmement, malgré ses aspects grossièrement irrationnels, elle a un programme et une direction définis. La ligne Mao-Lin ' LES EXCÈSont aggravé la tendance irrationnelle qui caractérise la politique intérieure et extérieure de Pékin depuis le milieu des années 50 et qui isole le régime, non seulement du monde libre, mais aussi de vastes secteurs du monde communiste et tout particulièrement de !'U.R.S.S.
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