Le Contrat Social - anno XI - n. 1 - gen.-feb. 1967

64' plus graves qui s'ensuivirent. C'est ainsi qu'au Vietnam du Sud, plus de quinze mille cadres ou notables civils ont été tui~s, tandis que les attaques des postes militaires ont coûté la vie à des milliers de soldats. Si les troupes américaines ont 1é1é appelées à intervenir, c'est sur la demande expresse du gouvernement du Vietnam du Sud, en exécution des engagements pris par les Etats-Unis, et dans le but d'assurer la protection des populations menacées par la subversion croissante. Il est très rare qu'on lise des vérités aussi évidentes modestement insérées au comptegouttes dans une presse débordante de déclarations pathétiques sous de gros titres en faveur des assassins et tourmenteurs communistes. En revanche, cette presse ne nous fait grâce d'aucune manifestation traduisant l'émotion télécommandée des « intellectuels» au grand cœur, mais affligés de daltonisme, qui en plus de leur spécialité, reconnue ou non, se découvrent des connaissances en matière de stratégie et de balistique. Ces messieurs savent de science certaine jusqu'où il est permis de bombarder trop loin. Ils font preuve d'une ignorance étrange dès que des engins meurtriers du Vietcong explosent dans les rues ou dans les édifices publics de Saïgon, tuant et mutilant des femmes et des enfants. Leur humanitarisme à sens unique sera plus persuasif quand ils consentiront à se prononcer sur la terreur systématique dont les communistes font leur arme principale. Le Monde du 19 octobre dernier publiait un « appel» de vingt-neuf médecins qui « dénoncent les ravages d'une guerre que rien ne justifie». A ce texte dont les termes sont trop soigneusement pesés pour être naturels, il ne manque que la désignation des coupables qui ont pris l'initiative de cette guerre « que rien ne justifie». Ces médecins ne semblent guère instruits sur le sujet qui les intéresse. Comment ne pas penser à la « déclaration de médecins parisiens» (sic) parue dans la presse communiste du 27 janvier 1953« au sujet des médecins terroristes démasqués en U.R.S.S.», lesquels médecins signataires« parmi les plus éminents», de leur propre avis, et « parisiens» par-dessus le marché, estimaient qu' « un très grand service a été rendu à la cause de la paix par la mise hors d'état de nuire de ce groupe de criminels»? Il ne serait pas étonnant de repérer, parmi les vingt-neuf, certains noms ayant figuré naguère en tant que « parisiens». Quant · aux autres, dans le meilleur cas, ne convient-il pas de leur adresser charitablement le mot célèbre : « Cordonnier, pas plus haut que la chaussure»? Dans le même journal, et le même jour, « des physiciens et mathématiciens français» publient une lettre ouverte selon laquelle « le refus du gouvernement des Etats-Unis de considérer le Front national de libération comme interlocuteur valable» fait obstacle à Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL une solution pacifique. Le .Monde ne donne qu'une liste sélectionnée de signataires, sans nul doute pour escamoter les véritables rédacteurs, trop reconnaissables par leurs services rendus au stalinisme. Précaution inutile, car on a trop lu de cette prose et l'on en sait la source. Quand les physiciens et les mathématiciens voudront se faire entendre (et pourquoi eux, plutôt que les chimistes ou les horlogers?), ils devront prouver leur bonne foi en réfutant d'abord, si possible, et sans tricher, les raisons et les arguments de ceux qu'ils condamnent en faisant semblant de n'en rien savoir. On leur conseille aussi de ne pas se donner tant de mal pour ne pas écrire le mot « communiste» dans leur factum, omission qui ne trompe personne. Toujours dans le même journal, le 22 octobre,. un placard bien en vue annonce un« nouveau mouvement» dont le but est de collecter« un ,, , milliard d'anciens francs pour le remettre à la Croix-Rouge nord-vietnamienne en signe de protestation contre la politique des Etats-Unis au Vietnam». Le Monde a grand soin de préciser que« les responsables de ce projet ne sont pas des familiers de la protestation». Peine perdue : cela ne prend pas. En effet, on lit ensuite quantité de noms qui sont justement ceux des « familiers de la protestation», autrement dit des signataires professionnels qu'on a assez vus, trop vus, depuis que Münzenberg a fait école, et parmi eux notamment un staliniste antisémite de la pire espèce. Tant de camouflage ne parvient pas à dissimuler la vraie marque de fabrique. Et encore dans le Monde du 8 novembre, « un nombre très important de mathématiciens» (encore eux) protestent contre « cette guerre menée par les forces américaines et qui devient chaque jour plus horrible». Ils ne protestent pas contre la guerre menée par les forces communistes, sans doute parce qu'elle est chaque jour moins horrible, à supposer qu'elle l'ait jamais été. Un millier de Japonais, nous dit-on, ont pris comme un seul homme l'initiative de cette déclaration. Pourquoi pas un mi'llion de Chinois? Là aussi, comme par hasard, les signataires français sont des « familiers de la protestation», des signataires professionnels qui ont galvaudé leur nom depuis vingt ans au bas de papiers inspirés par les services clandestins de Staline, puis de ses disciples. Dans le « nombre très important» de ces mathématiciens, il y a sans nul doute des naïfs et des dupes. C'est le cas de rappeler la réflexjon du penseur qui a dit quelque chose comme : Tel qui appartient à l.'élite dans sa spécialité est au niveau de la masse pour le reste (cité de mémoire). Et ladite masse, comment est-elle renseignée? Par la presse à grand tirage, par la radio et la télévision qui rivalisent de complai1 •

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