48 .dent à se soumettre, ou à se démettre. Comme quelque Mac-Mahon, voire comme un simple Millerand. . Le point de vue du pouvoir n'était pas, inversement, que la reconduction de la majorité permettrait au président de gouverner avec cette majorité. En fait, le_président, semble-t-il, ne renonçait pas à l'espoir de gouverner seul et A san~ rendre. de comptes à personne, pas meme a ses partisans. Les deux aspects des élections IL y AVAIT en effet deux façons d'aborder les élections législatives, correspondant au sens des deux tours de l'élection présidentielle. En élisant le gép.éral de Gaulle au premier to~r~ ~a,nation l'eût élevé dans l'empyrée, et precipite au Tartare les myrmidons qui avaient e"? ~'a~dace de se mesurer à lui. Les partis se dissipaient comme de mauvais rêves le chef ' devenait une incarnation de la France. L'élection au second tour ne donne •au président d'autorité que celle que peut déposer entre ses mains une majorité parlementaire. S'il avait accepté le verdict des élections présidentielles, le chef de l'Etat aurait engagé la bataille électorale dans les conditions traditionnelles, en s'efforçant de faire prévaloir la coalition gouvernementale. Après quoi, la victoire de la droite étant probable, il aurait gouverné en accord avec la majorité ou même se serait retranché dans son rôle constitutionnel laissant le chef du gouvernement arbitrer entr~ les différentes tendances de la majorité. De leur côté, les adversaires se seraient concertés à leur habitude, et sans doute_la gauche intérieure - celle qui est favorable au régime parlementaire - eût-elle cherché avant le premier tour à concilier dans une certaine mesure les divers partis .qui la composent, et entre les deux tours à s'entendre avec la gauche extérieure (parti communiste et P.S.U.) pour s'assurer des sièges supplémentaires par un jeu de désistements réciproques. A . la faveur des circonstances, peut-être eût-on constaté un renforcement - fût-il modeste - de la gauche intérieure un affaiblissement de la gauche extérieure, e; cela pouvait marquer une. étape intéressante de la réforme . du parlementarisme français, · une orientation vers ce bipartisme qui semble avoir été· un des objectifs des constituants de 1958. Malheureusement, cette conception des élections avait peu de chances de prévaloir. Dès avant l'élection présidentielle, on put voir que loin d'être, comme certains l'avaient cru, un Biblioteca Gino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES moyen de clarification, la réforme de 1962 ~'apportait que confusion dans notre vie politique. En novembre 1965 - un mois avant le scn1tin du 5 décembre - on entendit au cours d'une réunion de l'Association française de . science politique, François Goguel exposer qu'il avait été- surpris de voir le général de Gaulle poser sa candidature aux élections présidentielles. Après lui, Georges Vedel constata que, c?n~rairement à ce qu'il avait espéré, le « patriotisme des partis » avait fait obstacle à la candidature de Defferre, et il rappela le mot de Raymond Aron : « Les partis ne pouvaient tout de même pas se suicider pour faire plaisir aux politicologues. » L'erreur de F. Goguel, celle de G. Vedel et la date à laquelle ils l'ont reconnue montrent bien que l'élection présidentielle ' détruisait d'avance tout le bien qu'on pouvait attendre de la Constitution de 1958. En approuvant la réforme de 1962, F. Goguel s'imaginait que le général de Gaulle voulait instaurer en France un bon régime, alors qu'il ne songeait en fait ,, I\ ' ' q~ a accroitre son pouvoir. En prônant pendant dix ans l'élection du pr_ésidentau suffrage universel, G. Vedel se persuadait que cela entraînerait un vaste regroupement des forces politiques. L'intention était bonne l'effet est · désastre~x : 1: regr?upement d'une 'gauche parle~entaire a echoue, et le regroupement qul a prevalu est un amalgame de partisans et d'adversaires du parlementarisme dont le seul ciment est la crainte de la tyr~nnie. La déconvenue de nos politistes n'a en vérité rien de surprenant. On s'étonne même de voir · ✓ si étrangement, des spécialistes de la scienc~ politique faire entrer dans leurs calculs le désintéressement des hommes et l'abnégation des groupes. En fait, il était vain de penser que l'opposition se regrouperait si on lui donnait un chef. Ce n'est pas par la tête que se font ce~. opérations-là. En politique chaque groupe, chaque individu défend son existence ~t son, avenir, . ~t ses inté~êts l'opposent touJours a_ses voisins au moms autant qu'à ses adversaires. Le problème de l'unification et de l'efficacité n'est pas un problème politique c:est_ un problèm~ constitutionnel ou paracons: titutionnel. Aussi a-t-on toujours préconisé ici de rechercher l'unification dans un mode de scrutin qqi aux ·intérêts des politiques substituerait, par un mécanisme électoral : le choix des électeurs. Quant au chef de l'État il ne voula!t pas revi~orer la vie politique : 'il prétendait la supprimer. Supprimer la vie politi• que, c?est-à-direrejeter le vote du i9 décembre qui a manifesté l'existence d'une majorité ef
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