2SO rence vers le nirvâna, qui s'efforçait d'abolir en lui et en ses adeptes les passions et les désirs, qui prêchait la douceur et la bonté, l'amour et la tolérance, ce Bouddha ne reconnaîtrait pas les siens dans les fanatiques incités aux tumultueuses démonstrations de rue par les astucieux agents du Vietminh. Il est vrai que Lao Tseu et Confucius, si proches du Bouddha à bien des égards, auraient du mal aussi à reconnaître de leurs disciples dans le Vietcong, parti de la violence par excellence. On comprend que les Américains soient déconcertés devant des phénomènes de ce genre, mais on comprend moins qu'ils se laissent bafouer partout ailleurs également sans réagir. A leur corps défendant, ils se sont engagés par la force des choses dans les deux guerres mondiales et ils ont sauvé deux fois l'Europe de la domination allemande. Ils se trouvent à présent engagés malgré eux dans une troisième guerre mondiale, différente des précédentes, et ils tiennent en respect d'un côté l'impérialisme soviétique, de l'autre l'expansion chinoise. Cette sorte de mission que l'histoire leur assigne sans qu'ils en aient pleine conscience ne saurait être menée à bien qu'en combinant la guerre et la politique, l'une étânt aspect de l'autre, chacune conduite par ses moyens propres. Renoncer à l'action politique générale tout en poursuivant ·une terrible guerre locale grosse de conséquences multiples, ce serait s'exposer à retomber dans la situation de 1948 où les Américains réfléchis disaient avoir « gagné la guerre et perdu la paix», en réalité perdu les deux, ce serait se vouer à ne subir la guerre au Vietnam que pour buter finalement dans une impasse. Trêve dominicaine LES TROUBLERSÉVOLUTIONNAIReEt Scontrerévolutionnaires d~ Saint-Domingue qui-avaient provoqué l'intervention militaire des ÉtatsUnis le 28 avril 1965 ont eu leur épilogue provisoire le 1er juin dans une élection au suffrage universel. Juan Bosch, candidat soutenu par les trois organisations communistes de l'île, entre autres, a été battu par le Dr Balaguer, ancien ministre du dictateur Trujillo, mais que Juan Bosch lui-même tient pour un homme honnête et modéré, si l'on en croit son livre qui vient de paraître : Saint-Domingue, crise de la démocratie en Amérique latine (Paris 1966). La presse bourgeoise complaisante au communisme s'est empressée de présenter le Dr Balaguer comme étant un politicien « de droite» -alors qu'il se définit comme un homme « du centre», à juste titre puisque, après l'éviction de Trujillo, il avait proposé à Juan Bosch de . Siblioteca Gino Bianco -•, LE CONTRAT SOCIAL former avec lui un gouvernement « d'union nationale». Il a d'ailleurs renouvelé son offr,e au lendemain de sa victoire récente. En la déclinant, Juan Bosch a sans nul doute misé sur un regain de guerre civile à quelque échéance. Trois membres de son parti, néanmoins, sont ministres dans le gouvernement d'union nationale. Les communistes ne se privent pas de dénoncer en J oaquim Balaguer un ancien associé de Trujillo, ce qui de leur part ne manque pas d'audace quand on sait que le parti stalinien s'était acoquiné avec Trujillo dans les années 40 et qu'il a collaboré avec le parti conservateur (Union civica nacional) jusqu'en 1962. A ce sujet, voir l'article intitulé « Vingt ans après», dans le n° 4 du Contrat social de l'année dernière. L'élection du Dr Balaguer inflige un cuisant démenti aux trublions ignares et bruyants qui, en Europe sous divers masques« de gauche», se mêlent de tout ce qui ne les regarde pas et singulièrement des affaires intérieures de cha- · que ·pays, tout en accusant les Êtats-Unis d'immixtion arbitraire, alors que l'intervention américaine aux Antilles tendait non pas à imposer une politique intérieure, mais à empêcher une politique extérieure terroriste et incendiaire inspirée de feu Staline, inspirée de Mao et de Castro, fomentateurs de guerres civiles. Cette élection a été aussi régulière que possible dans les conditions données, sous les yeux de nombreux observateurs étrangers, et les immanquables récriminations des battus sous prétexte de fraudes électorales, pas plus convaincues que convaincantes, ne peuvent mettre en question un résultat aussi net. Au surplus, les mécontents ont vite renoncé à leur contestation de pure forme. L'issue de l'élection exprime tout simplement un vif désir de paix sociale après tant de désordres et de malheurs qui n'ont fait qu'empirer · les conditions de vie pour la majorité de la . population dominicaine. Il est avéré que le petit peuple paysan a voté pour le Dr Balaguer, sans adhérer pour autant à aucune doctrine politique. Les illettrés qui se laissent enrôler par les suppôts de Staline, de Mao qu de Castro ne savent évidemment pas ce 9u'ils font. La partie se livre entre groupes dirigeants aidés du dehors sans que la démocratie invoquée par tous puisse y trouver son compte. , Mais la richesse insolente du petit nombre et la misère navrante du grand nombre ne permettent pas d'espérer que l'épilogue électoral d'aujourd'hui soit plus qu'une trêve dontla durée dépendra de la capacité américaine d'administrer une aide économique efficace plus durable · que l'intervention militaire. Les partis commu-
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