216 •désastreuse des mesures restrictives la montée des prix libres. Jusqu'à 1958, ceux-ci eurent tendance à diminuer assez sensiblemen_t; l'écar.t entre les prix libres et les prix officiels était d'environ 30 % ; en 1960, la différence entre ces deux catégories de prix était déjà de 60 % et en 1965 elle atteignait environ 100 % . La tentative des « prix-plafond » imposés a donc échoué. Troisième cause des difficulés récentes : la diminution des crédits d'investissement à l'agriculture. Alors que, dans les· années 195458, on avait augmenté les investissements, surtout dans les terres vierges (et l'on peut même penser que les investissements dans les terres vierges ont été préjudiciables à d'autres régions de l'Union soviétique, ayant accaparé presque la moitié des machines agricoles sans résultats durables), à partir de 19 58-59, on assiste à une diminution très nette de la production des machines agricoles et .aussi du rythme de la production des engrais. En 1962, par exemple, on ne produisait que la moitié du nombre de semeuses tractées de 1958, fléchissement que Khrouchtchev lui-même dénonça dans un plénum de 1962. Enfin, il faut tenir compte d'un dernier élément, qu'on pourrait appeler le « facteur K », lequel tient à la personnalité de N. S. Khrouchtchev et à ses idées particulières en matière agricole, notamment ses directives concernant le regroupement des kolkhozes : le gigantisme des exploitations. Ce mouvement avait été annoncé par lui avant même la mort de Staline> · lors des discussions de 1950-51 sur les agrovilles, mais il s'est accéléré au point qu'aujourd'hui le nombre des kolkhozes a diminué de trois fois par rapport à 1951.. On a créé d~s unités gigantesques, coûteuses et peu maniabl~s; certains kolkhozes atteignent des dimensions telles qu'il faut une semaine pour visiter tous les villages qui les composent. Ce sont des unités administratives, ce ne sont plus des unités économiquement viables. On a également accéléré la transformation des kolkhozes en sovkhozes, pour des raisons qui tiennent pour une part à l'exode rural (dans beaucoup de régions, les petits kolkhozes · se sont trouvés insuffisamment pourvus de main-d'œuvre, et on a regroupé la main-d'œuvre disponible en transformant ces kolkhozes en sovkhozes), mais la cause essentielle a été le désir des autorités locales de se débarrasser de la gestion de l'agriculture (car les sovkhozes ne dépendent pas des secrétaires de rayon, ils dépendent du ministère des Sovkhozes). Biolioteca~ino Bianco -<4.J L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Une autre idée chère à Khrouchtchev a été la campagne pour le maïs et la campagne antiherbagère. On a essayé de faire du maïs dans des régions qui n'étaient pas du tout aptes à cette culture ; on a fait défricher des herbages dans des régions où peut-être ceux-ci étaient nécessaires - ce qui a totalement désorganisé les plans d'assolement. Finalement, · les ressources fourragères n'ont guère augmenté, ou ont même diminué, comme dans le Kouban où l'on a constaté une réduction très nette des rendements laitiers. La dernière erreur reprochée à Khrouchtchev est d'avoir bouleversé l'administration de l'agriculture. L'ancien secrétaire général avait une confiance un peu excessive en l'efficacité du Parti ; il a réduit à l'inaction le ministère de !'Agriculture (invité à quitter Moscou et à s'installer dans un sovkhoze voisin de la capitale, celui-ci n'a pratiquement eu que des fonctions réduites à partir de 1962). On avait bien créé un comité d'Etat pour !'Agriculture en mars 1962, avec lgnatov à sa tête,. mais on a l'impression que Khrouchtchev voulait que tout ce qui concerne l'agriculture passât directement par la section correspondante du Comité central. On a ainsi transféré des fonctions agronomiques et économiques au Parti, incapable de les assumer, sans c;ompter la suppression des M.T.S., en 1958, qui a privé l'administration d'un de ses rouages essentiels. V OYONS MAINTENANT ce que l'on va faire pour remédier aux difficultés. Dans quel sens va-t-on s'orienter durant la période qui suit la crise de 1963? Avant même le départ de Khrouchtchev, dès 1964, on note déjà un changement très net de la politique agri- ·cole : l'accent est mis sur l'intensification de la production. On a constaté que la politique d'extension des terres cultivées avait atteint ses limites et qu'il fallait désormais lançer tine campagne d'intensification de la production, en recommandant la production des engrais et l'irrigation. A titre de stimulant, on s'est contenté d'instituer en 1964 un régime de pensiü'ns de vieillesse pour les kolkhoziens, et1 leur tenant à peu près ce langage : « Si vous travaillez bien, si votre kolkhoze augmente ses revenus, eh bien! un jour il sera capable de vous distribuer des pensions. » On a essayé aussi d'accroître les investissements dans l'agriculture, mais l'accord était difficile à réaliser sur ce point et les dis-
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