Le Contrat Social - anno X - n. 1 - gen.-feb. 1966

L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Un certain Korolev UN SAVANTRUSSE,Serge Korolev, est décédé à Moscou le 14 janvier. Le Figaro et le Monde nous en informent les 17 et 18 janvier. Mais comment ? Citons simplement le Figaro dont le correspondant à Moscou, puisant dans la presse soviétique, nous révèle qu'il s'agit du « père de la conquête soviétique du cosmos », ni plus ni moins, toujours cité anonymement dans son pays comme le « Grand Constructeur », maitre de la « sci,ence des spoutniks », auteur des vaisseaux cosmiques « qui ont emporté Gagarine et autres cosmonautes russes dans l'espace », lauréat du prix Staline et tout et tout. Cependant personne n'en savait rien jusqu'alors. Que signifie cette révélation soudaine? Un article signé D. V. dans le Figaro du 18 janvier parle du « mystère dont on a entouré les activités de ce membre du présidium de l'Académie des sciences, lauréat du prix Lénine » ( du prix Lénine ou du prix Staline ?) et dit que ce décès « projette soudain quelque lumière sur l'organisation du programme spatial soviétique ». Quelle lumière? Comme supplément de clarté, le Figaro du 25 janvier publie une dépêche rapportant qu'une « exposition sur la vie et l'œuvre de l'ingénieur Korolev », à Moscou, venait de fermer ses portes à peine était-elle ouverte, et que le conservateur du musée de l'aviation avait expliqué : « Il ne s'agissait que de l'exposition de son portrait avec une notice biographique. La presse a mal interprété l'annonce... » Tout cela est d'une clarté éblouissante. Mais pourquoi Serge Korolev est-il resté inconnu jusqu'à la mi-janvier l966, et pourquoi des funérailles nationales sur la place Rouge, et pourquoi cet illustre inconnu devient-il, à titre posthume, le « père » des spoutniks ? A vrai dire, il n'était pas tout à fait inconnu puisque la dernière édition de la Petite Encyclopédie. soviétique, mais seulement la dernière, lui consacre exactement quatre lignes, que nous avons le devoir et le plaisir de citer : « ...Savant soviéti~ue dans le domaine de la mécanique, academicien (depuis 1958 ; membre correspondant depuis 1953). Membre du Parti depuis 1953. Principaux travaux dans le domaine de la mécanique. » Donc tout juste quatre lignes, y compris une répétition superfétatoire, et où il n'est nullement question de conquête du cosmos, de science des spoutniks ni d'astronautique en général. Qu'est-ce à dire ? Aucun secret de défense nationale n'apparaît ici plausible puisque la pre:,se soviétique ne s'est pas fait faute de mentionner les mérites des constructeurs de fusées, nommément connus, et puisque le nom de Korolev n'aurait rien enseigné ~ personne. Bib1ioteca Gino Bianco On comprend que les correspondants du Figaro et du Monde à Moscou ne puissent mander la vérité à leurs journaux, car ils se feraient exJ?.ulser sans tambour ni trompette ·par les « libéraux » du pouvoir soviétique. M_ais qui empêche des, journa~x français de dire le peu de vérite incontestable qu'on sache sur ce« mystère»? Pourquoi ne pas imprimer noir sur blanc que Serge Korolev avait été jeté en prison où il passa de longues années, de même qu'André Toupolev, le constructeur d'avions dont l'activité professionnelle est bien explicitée dans sa notice biographique ? Pourquoi ne pas remarquer que Korolev est devenu membre correspondant de l' Académie des sciences et aussi membre du Parti en 1953, comme par hasard l'année de la mort de Staline ? Sans doute le régime « socialiste » l'avait-il fourré en prison pour lui donner tout loisir de potasser les œuvres complètes de Staline, de Béria et de Jdanov, afin de le mettre en état de grâce ? Cela ne dissipe qu'une petite partie du « mystère » dont le Figaro fait mention. Mais c'est tout de même quelque chose. « Bain de sang » en Indonésie IL EST IMPOSSIBLEde savoir la vérité sur ce qui se passe en Indonésie depuis la tentative de coup d'Etat perpétrée le 30 septembre dernier par les communistes indigènes en liaison avec le gouvernement de Pékin. Au cours des quatre mois écoulés, il n'a filtré de cet archipel que des informations partielles, peu sures, invérifiables. Voilà qui en dit long sur le régime incarné en la personne du forcené délirant, Soekarno, qui se réclame impudemment, et jusqu'ici impunément, d'Hitler et de Mao Tsé-toung. Rappelons que les communistes avaient commencé par torturer, assassiner, mettre en pièces, plusieurs généraux, leurs femmes, :::> leurs enfants, prélude à un massacre général.....,, (cf. notre « Observatoire », n ° de septembreoctobre 1965). On n'imagine pas sans frémir les horr.eurs qui allaient suivre si des forces adverses n'étaient intervenues pour empêcher ces sauvages déchaînés de continuer leurs tueries et leurs atrocités sans nom. Une réplique populaire a eu Heu, immanquable, dans le sillage de l'armée qui avait à venger ses chefs et à mettre les assassins hors d'état de nuire. Il ne d'agit pas de justice, dans les conditions archi-troubles où la duplicité, la fourberie abjecte de Soekarno, l'hitlérien maoïste, a plongé ces îles grouillantes de ,populations ignares. Car l'olibrius en question était évidemment de mèche avec les communistes, prêt •à reconnaître le fait accompli et à faire de 11:ndonésie un Etat satellite de la Chine continentale. Son double jeu se lit à travers ses déclarations louches et ses attitud·es équivoques. Le 7 novembre, une dépêche commune des trois grandes agences de presse disait que « le leader indonésien a promis d'agir contre

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