H. D. STASSOVA Voilà pourquoi je mis· Sophie Nicolaïevna en rapports avec Kirov ; c'est ainsi que ma bibliothèque parvint en possession de la représen- . . , . tatton sov1et1que. On le voit, le travail ne manyuait pas : il était d'ailleurs vivant, intéressant. Mais les conditions de vie étaient pénibles. Quoique nous vivions dans la maison d'une sorte d'ancien khan, il n'y avait aucun confort, pa~ la moindre commodité. A un certain moment, le froid fut tel (neige épaisse et vent du nord) que je dormais enveloppée dans ma pelisse, car, de bois, il n'y en avait point. Je n'arrivais à me réchauffer que lorsque j'assistais aux séances du Comité central du P.C. d'Azerbaïdjan. UN BEAU SOIR, alors que je m'apprêtais à me rendre à une séance, nous reçumes un télégramme chiffré du Comité central du Parti. On m'y proposait de transmettre immédiatement au camarade Weltman-Pavlovitch 13 toutes les affaires concernant l'Arménie et le Conseil de propagande et d'action des peuples d'Orient,_ puis de partir, en qualité de membre du bureau du Comité central, pour Rostov-sur-le-Don, où travaillait Froumkine. N. N. Narimanov voulait me garder à Bakou, au secrétariat du C.C. du P.C. d:Azerbaïdjan. Je dus refuser et rentrer à Moscou. Ce qui s'était passé alors, je l'ignore encore aujourd'hui. A Moscou, bien entendu, je demandai des explications. Si j'ai commis des erreurs, disais-je, qu'on veuille bien me les montrer, afin de ne pas me laisser récidiver. Mais je n'obtins pas de réponse. Zinoviev fut chargé de m'expliquer qu'il n'y avait là aucune méfiance à mon égard. Lorsque la question dut être examinée au Comité central, je demandai à L. Sérébriakov (avec lequel j'avais fait amitié depuis notre voyage en commun sous escorte, en 1913, de Samara à Tomsk) d'appuyer ma demande. Dans ma conversation avec Sérébriakov sur les affaires du Parti, je lui fis part également · de mes hésitations. Plusieurs semaines durant, j'avais été d'avis de « secouer » les syndicats. En analysant aujourd'hui toutes les circonstances de l'époque, je pense qu'en l 'occur~ence ~a position s'expliquait avant tout du fait que Je n'avais jamais été forte sur la théorie et que je ne m'étais jamais hasardée à résoudre des 13. Ancien menchévlk, rnlllé ou pouvoir 11ovl~ti,que après Jo révolution d'Octobre. Orlenlnllste, auteur d ouvrages Kérleux sur l' ARie, sur lo Chine, sur ln Perse, sur ln Turquie, t•l notomment ,mr l'lmp(•rlellKme. - N.tl.l. R. Biblioteca Gino Bianco 51 questions politiques. J'avais souvenir qu'un jour, au cours d'une conversation avec Ilitch, je me mis à refuser une certaine m1ss1on en invoquant mon manque d'éducation politique. Ilitch me répondit que cela n'y faisait rien, étant donné que par le travail pratique j'avais acquis les capacités nécessaires. Ainsi, je suis une praticienne, une organisatrice. Les dernières années, en travaillant au Comité central comme secrétaire du « parti militarisé », ainsi qu'était notre parti en raison des conditions du temps, je m'étais habituée aux méthodes du communisme de guerre. De plus, il est possible que 1na naissance dans l'intelligentsia ait là aussi joué s~n rôle. En réponse à mes « doutes », Sérébriakov me dit que je trouverais de l'aide à Pétrograd, où j'étais partie pour travailler. A la question de savoir comment je devais voter, il me répondit que je pouvais, sans me troubler, voter pour le Comité central, quoique n'étant pas d'accord avec le point de vue de ce dernier. Je n'eus pas à transiger avec ma conscience, car dès la première réunion où la résolution du Comité central fut mise aux voix, je me convainquis de la fausseté de ma position et votai en faveur de la résolution. Sur le moment, je ne saisissais pas très bien toute la laideur du conseil de Sérébriakov ; mais aujourd'hui j'ai parfaitement conscience que ce sermon traduisait déjà la duplicité qui allait devenir par la suite un mot d'ordre des trotskistes : aux opposants, on recommandait carrément de voter pour la ligne du Comité central tout en se livrant, sous main, à un travail de désagrégation 14 • A Pétrograd, je dirigeais la section des femmes du comité local du Parti. Dans le parti communiste allemand EN MAI 1921, on me confia un travail clandestin en Allemagne en qualité de représentant du Comintern. Pendant cinq ans, je travaillai comme membre du parti communiste allemand. Tout d'abord, on me nomn1a secrétaire à l'organisation du Comité central, puis présidente du comité central du Secours rouge (Rote Hilfe) d'Allemagne. Là, j'eus la possibilité de faire la connaissance de nombreux communistes de tous les pays liés avec le Comité exécutif 14. On voit que l'nuteur ch<'rdw f'U<'OI'<' a\ calomnier Sfrébriukov, nlors que c<'lul-ci, loin de vouloir lu gngncr nux Idées de l'oµposllion, lui n <·onsellM d<' voter dons le semi préconisé par Lénin<'. Eli<' nvouc implicitement son hérésie du moment et R't•n dlsculp<' «•n clt'-blntt\runt sui· lt•s • trotsklslt>s • nssnKslnés pnr Stnllnr. '.d.l.U.
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