B. LAZITCH octobre 1917, hauts dirigeants du Parti et de l'Etat soviétiques, tels RACOVSKI,chef du mouvement socialiste en Roumanie, devenu successivement président du gouvernement soviétique en Ukraine, ambassadeur à Londres et à Paris, et RouozouTAK,militant letton, promu membre du Politburo du P.C. soviétique (en 1926), grâce à Staline, et liquidé dans la grande purge par la volonté de ce même Staline. L'anéantissement du P.C. polonais LORSQUELA FUREURde Staline s'abattit sur les communistes polonais réfugiés en U.R.S.S., rien ne fut signalé dans la presse du Comintern. Il est impossible de trouver dans les publications officielles la· moindre information sur la dissolution du Parti polonais et l'extermination physique de ses chefs. Il n'y a que l'accusation, formulée, sans la moindre preuve à l'appui, par Manouilski au XVIIP Congrès du P.C. soviétique, en mars 1939, au moment où la liquidation des communistes polonais était déjà achevée : « Le parti communiste polonais s'avéra le plus encombré d'éléments ennemis. Dans sa direction avaient pénétré des agents du fascisme polonais ( ...). Ils [les agents du fascisme polonais] jouèrent la comédie de l'autocritique devant l'Internationale communiste, la trompant comme l'avaient fait en leur temps Lovestone et les " fractionnistes " policiers des partis hongrois et yougoslave 15 • » Staline avait de multiples raisons personnelles d'assouvir sa haine des communistes polonais dans un bain de sang sans précédent et sans égal dans les annales du Comintern. Tout d'abord, il détestait les Polonais, y compris les communistes. Ensuite, outre les motifs d'ordre général qui provoquèrent ces massacres - le fait que de nombreux dirigeants communistes polonais appartenaient à l'entourage de Lénine avant octobre 1917 et qu'ils vivaient tous sans protection juridique en U.R.S.S. comme réfugiés, - les Polonais cumulaient deux autres péchés graves aux yeux de Staline. En premier lieu, lorsqu'en décembre 1923 - un mois avant la mort de Lénine, - la lutte pour sa succession fut pour la première fois discutée à la direction du P.C. soviétique, il n'y eut qu'un seul parti communiste - le polonais - pour prendre ouvertement la défense de Trotski et montrer à Staline, à Zinoviev et à Kamenev les graves dangers que l'élimination de Trotski pouvait entraîner. Le mois suivant Lénine mourut, mais à la veille de son décès le P.C. polo15. Co"e,pondance lnttrnatlonalt, 1939, p. 458. Biblioteca Gino Bianco 335 nais récidivait, comme Staline devait le reconnaître à l'époque : « Pour moi, déclara-t-il, il est clair que dans la première période de la lutte de la majorité du P.C. russe, les chefs du Parti polonais avaient ( ...) pris parti pour l'opposition ( ...). A l'époque où le Comité central du P.C. polonais fit parvenir cette résolution au Comité central du P.C. russe, il constituait sans nul doute la succursale polonaise de l'opposition opportuniste du P.C. russe 16 • » Un autre péché de certains dirigeants communistes polonais très en vue était d'être d'origine juive, ce que Staline ne pouvait souffrir. Ainsi, être en même temps juif, Polonais, réfugié, ancien compagnon de Lénine et ex-partisan de Trotski, cela offrait à Staline plus de motifs qu'il ne lui en fallait pour ordonner une extermination totale. De nombreux Polonais étaient coupables de ces cinq « chefs d'accusation », mais même ceux dont la culpabilité était réduite à deux « chefs d'accusation », comme Lenski qui n'était ni juif ni partisan de Trotski (au contraire, il fut le principal agent d'exécution de Staline dans l'opération menée contre le Comité central polonais en 1924 ), n'échappèrent pas à la liquidation. Le parti communiste polonais était dirigé par les « trois W » au moment de la mort de Lénine en 1924 : Warski, Walecki et Wera Kostrzewa-Kochtchva. A peine quelques mois plus tard, au moment du ve Congrès du Comintern, en juin-juillet 1924, Staline put régler le sort politique de cette direction: une Commission polonaise fut formée, avec lui-même comme chef et Molotov comme vice-président. La conclusion fut nette : il fallait éliminer cette direction. La manière dont usa Staline - présidant pour la première fois une commission à un congrès du Comintern et, ainsi, pour la première fois, participant" actif à un congrès international - ne devait déjà pas être très douce si l'on se réfère aux propos de W. Kostrzewa : « Ce ne sont pas, dit-elle, ceux à qui l'on peut briser les os pour les mêmes raisons qu'à nous qui constituent pour vous le danger principal, mais ceux qui n'ont pas d'os du tout 17 • » W. KosTRZEWAfut à l'époque de Lénine un membre actif de la direction du Comintern, rapporteur au IVe Congrès sur la question agraire (avec E. Varga). Elle réussit à se maintenir au Comintern, même après son élimination de la direction du P.C. polonàis. C'est 16. Correspondance internationale, 1024, p. 839. 11. La Queation polonaise au V• Congns de l'Internationale communiste, Moscou 1924, p. 91. ,
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