B. DBLIMARS science ne s'est pas arrêtée à Pavlov, lequel n'avait nullement épuisé l'investigation des lois biologiques: Ses disciples avaient formé plusieures écoles : celle de L. A. Orbeli, qui étudiait le système nerveux végétatif, celle de A. D. Spéranski, qui se consacrait aux problèmes de physiologie pathologique, celle de P. S. Koupalov, celle de K. M. Bykov et quelques autres (...). Or, en 1950, certains disciples de Pavlov s'arrogèrent le droit exclusif de préserver la pureté de l'héritage du maître et le monopole de la vérité. Pavlov, grand novateur et créateur d'une nouvelle méthode expérimentale en physiologie, ne pouvait certes pas prévoir que ses travaux allaient devenir à la fois un catéchisme et une trique destinée aux hérétiques. Toutes ses conclusions, toutes ses hypothèses provisoires de travail furent tenues pour le sommet de la connaissance. Plusieurs écoles, issues de son enseignement, furent condamnées sous prétexte qu'en manif estant leur indépendance, elles s'écartaient de la « grande voie de la science »... Certains physiologistes étaient soumis à une critique nocive en raison du nombre insuffisant de citations de Pavlov et de la présence d'idées nouvelles dans leurs travaux (...). L'assertion que rien ne devait être affirmé au-delà de ce que Pavlov avait dit, devint un principe( ...). La pression administrative était quelquefois utilisée comme argument suprême( ...). On s'efforçait de frapper d'ostracisme tous les progrès accomplis par la science dans les quatorze années qui s'étaient écoulées depuis la mort de Pavlov, y compris les nouvelles méthodes de recherche. Le niveau méthodologique des expériences de 1936 fut proclamé insurpassable. Parine rappelle la persécution du professeur L. A. Orbeli, la pression exercée sur le professeur P. S. Koupalov et le rejet dogmatique des méthodes électrophysiologiques dans l'investigation de l'activité nerveuse supérieure. Seule la levée du veto lancé en 1950 contre ces méthodes permit la découverte de lois nouvelles, insoupçonnées auparavant. Parine fulmine ensuite contre l'académicien K.M. Bykov et son adjoint, le professeur I. T. Kourtsine, auteurs de la néfaste << théorie de la pathologie cortico-viscérale ». Cette théorie, simple hypothèse, attribue au cortex cérébral un volume de travail tout à fait invraisemblable - la direction immédiate de presque tous les processus de l'organisme (...). Les troubles de fonctionnement du cortex des grands hémisphères du cerveau devenaient la cause non seulement des ulcères, de l'hypertension et de l'asthme bronchial, maladies nommées « névroses corticales », mais aussi des diabètes divers, du cancer et même de l'appendicite ... Bykov et Kourtsine disposaient d'observations indiscutables qui ·indiquaient que certaines maladies des organes internes sont accompagnées de troubles fonctionnels du cortex cérébral, mais ils écartaient comme erronés tous les autres faits qui ne concordaient pas avec leur théorie : selon eux, ces faits n'étaient dus qu'à des méthodes d'observation vicieuses. Jusqu'à ces derniers temps, ils imposaient leur doctrine de pathologie cortico-viscérale comme étant la seule correcte et la seule utilisable en physiologie et en médecine clinique, défendant leur monopole avec l'intolérance fanatique dont fit preuve jadis .Wirchov à propos de sa « pathologie cellulaire ». Biblioteca Gino Bianc0 171 · Ce long monopole de Bykov était des plus nuisible à la science : Les jeunes savants se souciaient avant tout de rendre • leurs observations « conformes à Pavlov ou à Bykov » et bourraient leurs thèses et exposés de citations de ces maîtres, opposant ainsi l'autorité de ces derniers aux contradicteurs et critiques éventuels. Leurs travaux se transformaient souvent en une camelote savante ... On peut y relever des perles de cette eau : « Du point de vue de l'enseignement de Pavlov, les conditions naturelles dans la banlieue des villes sont à considérer comme des éléments favorables de l'environnement» ... « Sur la base de l'enseignement de Pavlov et de celui de Mitchourine, il devient encore plus évident que les fonctions vitales des organismes animaux et végétaux sont influencées simultanément par l'ensemble des conditions atmosphériques et non pas seulement par un facteur météorologique unique. » (Thèse soutenue par A. Oréchina.) Ce monopole avait conduit au divorce, chaque année plus net, entre la pratique et la doctrine médicales. Pour pouvoir être publié, un travail devait être « conforme à Pavlov » : Mais le chirurgien qui, dans sa thèse et dans ses exposés, attribuait l'appendicite aux troubles corticaux, préférait néanmoins la traiter en clinique par les méthodes classiques de chirurgie et non par la« drogue de Pavlov» (bromure et caféine). LA NÉCESSITÉ de remédier d'urgence à cette situation lamentable en biologie et en médecine aboutit à une décision commune du Comité central du Parti et du Conseil des ministres de !'U.R.S.S. : « Mesures pour développer la science biologique et consolider ses liens avec la pratique », publiée par la Pravda du 25 janvier 1963. Cette décision a considérablement desserré le carcan qui étranglait cette science en pays soviétique. Elle a enfin officiellement levé les interdits jetés, dans leurs domaines respectifs, par Lyssenko, Bykov et consorts sur les recherches non conformes à leurs propres théories, entérinées par le Parti. Suivant le procédé invariable calqué sur la méthode Coué, et appliqué chaque fois qu'il s'agit de redresser des erreurs, ce document commence par glorifier les résultats brillants obtenus par les sélectionneurs soviétiques mitchouriens dans « les questions de l'hérédité commandée », résultats qui ont « permis de créer et d'introduire dans la production kolkhozienne et sovkhozienne de nouvelles variétés à grand rendement de froment, de maïs, de tournesol, de betterave sucrière et autres cultures ». Un passage tout aussi laudatif est consacré aux travaux de Lyssenko, déjà si souvent vantés par Khrouchtchev : On a réussi à créer de nouvelles races et sous-races, hautement productives, de bovins, porcins et ovins. La ferme expérimentale de Gorki-Léninskié, de l'Ins-
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