L'Expérience communiste LE KREMLIN ET LE PEUPLE RUSSE par E. Delimars Moscou ne cesse de crier sur les toits que !'U.R.S.S. fait chaque jour d'énormes progrès scientifiques, techniques, économiques et sociaux, que les hommes soviétiques transforment la nature, s'en rendent maîtres, ouvrant ainsi d'immenses perspectives à l'humanité tout entière. Les indiscutables réalisations de la technique soviétique en matière de balistique, d'astronautique, d'engins militaires, la construction de centrales hydro-électriques géantes, de grands canaux et oléoducs, permettent d'éblouir les foules, de leur faire croire que la dictature du parti communiste a réussi à doter la Russie, jadis colosse aux pieds d'argile, d'une puissance irrésistible. Mais, à la mort de Staline, les dirigeants, libérés de la peur et de la consigne du silence imposée depuis si longtemps, ont trouvé une situation économique désastreuse. La brillante façade des succès officiels, le mirage du dépassement continuel des plans, le tout appuyé sur des statistiques truquées, ne trompaient plus personne en U.R.S.S. Afin de tenter un redressement, il fallut bien avouer l'échec lamentable de toute la politique agricole et demander à la population un nouvel effort. Les discours prononcés au Comité central et aux congrès du Parti ces dernières années déploraient immanquablement l'échec permanent de la production agricole et de l'élevage, les retards dans l'industrie des biens de consommation. Ces aveux de faillite ne sont pas restés ignorés en Occident, mais on n'y a pas toujours saisi clairement les raisons profondes de l'échec des mesures prises en haut lieu pour améliorer réellement les conditions économiques et sociales du pays. Biblioteca Gino Bianco UNE PREMIÈRE CONSTATATION s'impose: !'U.R.S.S. reste le pays des contrastes qui déconcertaient jadis le visiteur étranger en Russie tsariste. La réussite dans les sciences, la technique, le sport, la musique et le théâtre s'oppose aujourd'hui à la misère de l'agriculture et aux difficultés de la vie quotidienne des citadins et des paysans, de la même façon que la culture de l'élite et le luxe raffiné des classes possédantes s'opposaient dans l'En1pire russe à l'analphabétisme, à l'hébétude et à la vie misérable du paysannat rustre et du prolétariat naissant. C'est seulement dans les domaines où le résultat est conditionné par le travail de quelques individus d'élite ou de quelques équipes de techniciens triés sur le volet, que les Soviétiques obtiennent leurs succès. Moscou offre à ses réalisateurs et à ses chercheurs des conditions exceptionnellement favorables : ils disposent de crédits pratiquement illimités, de l'équipement scientifique, technique et industriel le plus moderne, d'une maind'œuvre abondante et qualifiée. Il en résulte des possibilités de recherche fondamentale et de création technique autrement favorables que celles que les pays européens, voire les EtatsUnis, accordent à leurs propres savants1 • Même politique à l'égard des sportifs et des artistes. Qu'il s'agisse du lancement d'une fusée vers Mars ou Vénus, d'un record aux Jeux olympiques, de l'élevage, par un seul individu, de 2.000 porcs, c'est toujours la recherche du record qui frappe l'imagination, étonne l'étranger, flatte l'orgueil national et soulève l'enthousi_asme des jeunes cc édificateurs du commurusme ». r. Cf. le témoignage d'un phy icicn américain, Robert E. Marshak, à son retour d'un voyage en U.R.S.S., cité in Contrat social, mars 19~, pp. 84-85.
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