Le Contrat Social - anno VII - n. 2 . mar.-apr. 1963

... N. VALENT/NOV et avait ensuite continué à se réduire. Mais sachant que, faute de commerce privé, il n'y aurait pas de commerce du tout, étant donné le mauvais fonctionnement du commerce d'Etat et des coopératives, la droite prit une décision sensée : ne pas tuer le commerce privé par des mesures Bdroinistratives, le combattre par la concurrence et non par les méthodes du Guépéou. « Le commerce d'Etat et les coopératives, selon la résolution de la 14 8 Conférence, ne peuvent subvenir entièrement aux échanges croissants dans le pays ; dès lors, une place importante revient au capital privé. » Après les coups portés au commerce privé en 1923 et 1924, l'attitude adoptée à son égard créait pour lui, en 1925, une situation nouvelle. Les paroles de Rykov, rappelant que le capital privé qui travaille au grand jour n'est pas illicite, avaient fait impression. Le discours prononcé par Dzerjinski le 1er avril 1925, au congrès du commerce local, allait dans le même sens : Notre but est d'utiliser entièrement le capital privé; nous ne misons pas sur sa suppression, comme on s'obstine à le croire. Je suis contre le commerce privé, quand il s'agit du gros et moyen commerce, mais j'estime que nous ne pourrions pas nous passer actuellement du petit commerçant. (...) Mais pour que ce petit commerçant, notamment dans les campagnes, ne puisse ni voler ni spéculer, il faut le placer dans des conditions saines et le défendre contre les administrateurs locaux qui mènent, en dépit de la décision du Parti, une politique qui étouffe le commerce privé. L'essentiel figurait déjà dans la décision du Comité central d'avril 1925 : éliminer les entraves au commerce privé et, par des « mesures rationnelles et exclusivement économiques, l'intégrer au réseau commercial». C'était là un aspect particulier de la théorie de Boukharine, selon lequel la petite bourgeoisie pouvait être associée au socialisme. Par suite de la levée des entraves administratives à l'approvisionnement et au transport par chemin de fer, le commerce privé renonça à la spéculation et essaya de s'intégrer. Sous ce rapport, 1925 fut pour lui une année exceptionnelle. L'opposition trotskiste, Piatakov en tête, demandait qu'on serrât la vis au commerce privé: selon elle, le revenu de ce dernier était, en 1925, de l'ordre de 400 millions de roubles, ce qui était un danger pour l'économie. La question vint en juillet 1926 devant le Comité central. Dzerjinski et Boukharine s'en prirent à Piatakov en termes véhéments et démontrèrent que les 400 millions incriminés ne représentaient pas le revenu net, mais les recettes globales de 323.000 entreprises commerciales. Si l'on donnait, soutenaient Dzerjinski et Boukharine, 80 roubles par mois pour l'entretien de chaque famille de commerçant (cc qui était le salaire de 40 % des ouvriers de l'industrie du C.S.E.N.), soit 1.000 roubles par an, cela ferait, pour l'ensemble des Biblioteca Gino Bianco 71 commerçants, 323 millions de roubles. Dès lors, le revenu net de ces commerçants était non de 400 millions, mais au mieux de 77 millions de roubles, ce qui était peu par rapport au revenu du secteur socialisé. Après son discours, qui dura trois heures, Dzerjinski fut emporté par une embolie. Sa mort attrista les collaborateurs du C.S.E.N. et les techniciens sans-parti, parmi lesquels les arrestations avaient pratiquement cessé : « On avait eu le frisson quand Dzerjinski avait pris la tête du C.S.E.N. Et maintenant, les techniciens, y compris les anciens monarchistes, étaient prêts à honorer sa mémoire », écrivait au Messager socialiste de Berlin l'un de ses correspondants à Moscou. V OYONS maintenant quelle était, sous la direction de la droite, la situation dans l'agriculture. Ce qui saute aux yeux, c'est l'immense accroissement de la collecte de céréales dû à l'augmentation de la surface emblavée, à l'amélioration des cultures et aux conditions climatiques plus favorables. La collecte, qui s'était montée, en 1924, à 514 millions de quintaux (supérieure de 45 % à celle de l'année précédente), était estimée, en 1925, à 746 millions de quintaux. En 1926, elle atteignit 783 millions de quintaux (les années suivantes, sous l'administration de Staline, elle diminua). Bien que la récolte n'ait pas atteint le niveau d'avant 1914, le pays regorgeait de blé, par suite de la baisse des exportations ; la population rurale en consommait beaucoup plus qu'avant la guerre. En même temps que la remise sur pied de la culture des céréales et des plantes industrielles, la reconstitution du cheptel vif allait bon train. En 1924-1926, le troupeau chevalin passa de 25,7 millions de têtes à 29,2 millions, celui du gros bétail, de 59 millions à 65,5 millions, les ovinés, de 109 millions à 132,5 millions de têtes, le troupeau porcin demeurant à · son niveau antérieur. L'accroissement, par rapport à 1916, du troupeau bovin et l'amélioration de l'élevage permirent d'accroître la vente de viande et de lait dans les villes et de développer la consommation dans les campagnes. En 1925, le nombre des exploitations sans terres emblavées diminua, le nombre des entreprises avec emblavures, pratiquées d'ordinaire chez le paysan moyen, s'accrut, ainsi que le nombre des entreprises exploitées par des paysans aisés (koulaks). On comptait environ un million d'entreprises de paysans aisés, leurs emblavures atteignant 30 millions de déciatines [une déciatine = 1 ha 9025]. Les travaux accélérés de remembrement, amputant les terres détachées de la communauté, supprimant les enclaves et les parcelles tout en longueur, permirent d'organiser rationnellement la jouissance du sol : 1.300.000 exploitations,

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