.. N. VALENT/NOV remarquable à bien des égards. Depuis le XIIe Congrès, les délégués étaient désignés par le Secrétariat, émanation de la fraction dirigeante. Les délégués au XIVe Congrès étaient encore en majeure partie des figurants, mais comme ils savaient dans quelle direction soufflait le vent au sommet, l'apparition à la tribune de Rykov, président du Congrès, fut « saluée de vifs applaudissements tournant à l'ovation». Cela laissait présager le succès de la droite. Le Congrès ne se contenta pas, comme la 14e Conférence, d'adopter les conceptions de la droite, il les acclama. Il déclara « approuver entièrement les décisions de la 14e Conférence sur la question paysanne, y compris l'extension du droit de fermage et d'embauche, l'aide à l'industrie artisanale, l'abandon des méthodes de pression administrative et le passage à la concurrence commerciale, etc.». Le Congrès déclara que « ce tournant avait amélioré radicalement la situation dans les campagnes ». Le porte-parole des conceptions de la droite fut précisément Staline, qui présenta le rapport du Comité central. La victoire de la droite se traduisit encore par l'approbation de sa politique industrielle. Tout en transformant !'U.R.S.S. en un pays producteur de machines et de matériel d'équipement, la droite refusait de pousser l'effort à l'extrême et de vider (selon la méthode de Préobrajenski) l'agriculture de ses ressources afin de soutenir une industrialisation forcenée. Ce qui s'exprimait dans la résolution suivante : « Il faut développer notre industrie socialiste sur la base d'un haut niveau technique en tenant rigoureusement compte de la capacité du marché et de ses possibilités financières. » Staline parla du développement de l'industrie « en tenant rigoureusement compte » de la ligne politique de la droite. Fruste dans son argumentation, il fit appel à la prudence, à la modération, à un emploi parcimonieux, rationnel des ressources, et à la défense de « notre rouble ». Inacceptable pour l'opposition en raison de sa modération, le discours était tout à fait dans l'esprit de la politique menée au C.S.E.N. par un droitier comme Dzerjinski. Pas la moindre allusion à des directives telles que : « Forçons les rythmes! », que Staline allait bientôt lancer sous la contagion des idées de l'opposition : Nous devons nous montrer particulièrement avares et réservés dans l'emploi des ressources que nous amassons, en nous efforçant de dépenser chaque copek rationnellement. On pourrait par exemple doubler les crédits accordés à l'agriculture, mais alors nous n'aurions plus les fonds de réserve nécessaires pour financer l'industrie; l'industrie prendrait du retard sur l'agriculture, la production industrielle diminuerait, on obtiendrait des prix gonflés sur les articles manufacturés avec toutes les conséquences qui en découlent. On pourrait assigner deux fois plus de crédits au développement de l'industrie, mais nous aurions là un rythme de développement industriel si rapide que nous ne pourrions pas le soutenir, étant donné la grande pénurie de capitaux disponibles ; il est probable que Biblioteca Gino Bianco 77 nous irions à l'échec, sans parler des fonds de réserve dont nous manquerions pour ouvrir des crédits à l'agriculture. On pourrait pousser le développement de nos importations, surtout de matériel d'équi';)ement, doubler ce que nous importons aujourd'hui, pour développer notre industrie à des rythmes forcenés, mais il en résulterait que les importations dépasseraient les exportations, que nous aurions une balance commerciale déficitaire, que notre monnaie serait compromise, autrement dit la seule base possible pour le développement méthodique de l'industrie serait ruinée. On pourrait augmenter tant et plus les salaires, les porter au niveau d'avant guerre, voire plus haut, mais cela ralentirait le rythme du développement de notre industrie, car l'essor de l'industrie dans les conditions actuelles, vu l'absence d'emprunts extérieurs et le manque de crédits, n'est possible que s'il repose sur l'accumulation d'un certain profit, nécessaire pour financer et alimenter l'industrie. Reprenant la formule de Boukharine sur les deux déviations, Staline, même sur ce terrain brûlant, défendit les conceptions de la droite : On parle d'une déviation koulak dans le Parti. C'est absurde. Il ne peut y avoir de déviation koulak dans le Parti, mais seulement une déviation minimisant le rôle du koulak et en général des éléments capitalistes dans les campagnes, une déviation atténuant le danger koulak. Mais il y en a une autre, qui consiste à grossir le rôle du koulak et des éléments capitalistes en général, à être pris de panique devant ces éléments, à nier que l'alliance du prolétariat et des paysans pauvres avec le paysan moyen soit possible et opportune. Quelle déviation est la pire ? Les deux sont mauvaises, mais si l'on demande aux communistes à quoi le Parti est le plus enclin, à dépouiller le koulak ou, pour éviter cela, à s'allier avec le paysan moyen, je crois que, sur 100 communistes, 99 diraient que le Parti est plus que tout préparé au mot d'ordre : « Sus au koulak ! » Qu'on lance ce mot d'ordre et en un clin d'œil le koulak n'aura plus rien sur le dos. Quant à ne plus « dékoulakiser » et à mener une politique plus subtile consistant à isoler le koulak en s'alliant au paysan moyen, la chose n'est pas facile à digérer. Voilà pourquoi je pense que, dans sa lutte contre les deux déviations, le Parti doit tout de même concentrer le feu sur la seconde. ( Applaudissements.) Cette déviation mène à l'exaspération de la lutte de classe au village, au retour à la politique de dékoulakisation des comités de paysans pauvres, par coniéquent à la guerre civile. En décembre 1925, comme en mai et en juin, Staline continuait donc avec Boukharine à se prononcer publiquement contre l' « exaspération de la lutte de classe », contre la « guerre civile ». Nous connaissons déjà ce que disaient au Congrès Zinoviev, Kamenev et leurs sous-ordre de l'opposition de Léningrad. L'opposition irritée écoutait Staline appelant à la prendre pour cible en tant que déviation la plus dangereuse. Elle y voyait une nouvelle victoire de la droite. Le but immédiat de l'opposition était de ruiner au Politburo l'influence de Boukharine, de Rykov, de Tomski et de Kalinine qui s'était mis à leur remorque. Staline déjoua cette attaque en déclarant: « Sans Rykov, Boukharine, Tomski, Kali-
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