Le Contrat Social - anno VI - n. 3 - mag.-giu. 1962

188 aux syndicats, ou d'un José Antonio Primo de Rivera, ce « chef national » de la Phalange qui se fit élire député sur une liste de la droite classique, se voient attribuer une portée démesurée. On ira jusqu'à prendre au sérieux le slogan selon lequel 1~ Phalange devait être un « mouvement poétique». Dès lors, l'opération menée à bien par Franco en avril 1937, et qui fit de la Phalange un parti d'Etat, apparaît à l'envers. Selon la conception de l'auteur, elle frappa le mouvement d'impuissance. En fait, c'est seulement à partir de cette date qu'il commença à jouer un rôle réel dans la vie politique espagnole. Il est vrai que le Caudillo lui assigna dans l'appareil du pouvoir une place assez subalterne. Mais il faut comparer celle-ci non pas aux réalités antérieures, mais à des prétentions extravagantes, pour conclure faussement avec l'auteur que Franco dévirilisa la Phalange. L'histoire de la Phalange sous le règne franquiste est également décevante. Le mouvement est systématiquement confondu avec l'existence des « vieux phalangistes ». Le rôle de ceux-ci est en lui-même fort intéressant à étudier, mais il ne nous apprend que peu de chose sur le fascisme espagnol réel, sur le franquisme. C'est comme si l'on voulait comprendre le national-socialisme au pouvoir à travers le rôle des S. A. d'avant 1933 ; encore ceux-ci formaient-ils une organisationconsidérable, tandis que la Phalange de José Antonio Primo de Rivera se révéla incapable de faire élire un seul député en 1936. Cela dit, l'ouvrage offre une collection de faits, de citations et de descriptions des plus utile. PAUL BARTON. Géographie et économie J. P. COLE et F. C. GERMAN : A Geography of the USSR. The Background to a Planned Economy. Londres 1961, Butterworths, 290 pp. LE TITRE choisi ne correspond pas tout à fait au contenu de l'ouvrage. Il ne s'agit pas de géographie tout court, mais bien de géographie écoBiblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL nomique; la géographie physique n'est traitée que dans la mesure où elle détermine directement les activités économiques. En revanche, le champ de la géographie économique a été assez considérablement élargi par les auteurs en direction de l'économie politique et même, parfois, des doctrines officielles de la planification, de la distribution des ressources et des activités, etc. Procédé probablement inévitable dans le cas de l'économie soviétique ; de toute façon, le résultat démontre qu'il est fructueux. Ainsi conçu, le livre prend place parmi les recherches de plus en plus nombreuses et détaillées dont l'économie soviétique est l'objet en Occident et, du même coup, il comble une grave lacune. En effet, en traitant des questions relatives à la localisation des industries et à la production en général, les économistes qui étudient !'U.R.S.S. te~dent souvent à apprécier la situation d'après ,, l'importance des moyens employés. Autant dire qu'ils se laissent impressionner, puisque la mise en valeur - et surtout l'industrialisation - des régions sous-développées est extrêmement coûteuse. MM. Cole et German ont entrepris une œuvre salutaire en fondant leurs jugements sur les résultats : ceux-ci démontrent qu'aucun des problèmes que pose une répartition territoriale rationnelle des activités économiques n'a été résolu à ce jour et que les progrès sont très lents dans ce domaine. 11 importe de noter que les auteurs ont fort honorablement évité l'écueil des statistiques truquées ; ce n'est pas peu de chose quand on sait le mal que se donnent les spécialistes les plus qualifiés pour découvrir les parcelles de vérité qui se cachent sous les chiffresdéfigurés.Bien entendu, MM. Cole et German n'ont pu se lancer dans ce genre de travaux. Ils se sont acquittés de leur tâc~,e en faisant abstraction des données particulierement suspectes - surtout des données d'ensemble concernant la valeur et non la quantité physique des produits - et en s'appuyant sur l,eschiff~esles_plussimples. Il faut espérer que les econom1stestireront de cet excellent travail tous les enseignements qu'il leur offre, et qu'ils apporteront l~ur concours aux recherches ultérieures, dans un domaine qui promet de donner à l'étude de l'économie soviétique une dimension nouvelle. P. B. • ,

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==