Le Contrat Social - anno VI - n. 3 - mag.-giu. 1962

QUELQUES LWRES admirable, surtout quand elle s'attaque au djihad (guerre sainte) et l'on déplore qu'il ne s'y soit point arrêté pour traiter, lui juriste, du «butin». Il edt été intéressant de savoir dans quelle mesure la « morale juridique » admet ou condamne la consécration religieuse du partage du butin, l'islam considérant les rapines effectuées par ses guerriers comme une des principales ressources du Bayt al Mal (ministère des Finances islamique) auquel revient de plein droit le cinquième des prises. On objectera la permanence du phénomène dans la société occidentale et l'on évoquera le comportement des troupes victorieuses entrées à Rome vers la fin de la seconde guerre mondiale et qui payaient l'honneur des filles et des enfants d'un paquet de cigarettes ou d'une boîte de conserves. M. R. Charles, qui place si haut les leçons de l'histoire, au point que le lecteur croit que rien n'a été omis pour que lui soit révélé l'islam dans toutes les vicissitudes de ses treize siècles d'existence, a passé sous silence, involontairement ou non, les exactions commises par les kharidjites 1 , et les deux révolutions communistes musulmanes qui ensanglantèrent l'empire des Abbassides vers la fin du IXe siècle et troublèrent sa paix jusqu'en 928. Ces deux révolutions ne s'inspiraient-elles pas d'un mouvement connu sous le nom de « justice religieuse », qui fit son apparition au début du IXe siècle et dont les chefs réclamaient une juste application des enseignements du Coran? L'excès de zèle des partisans de la « justice religieuse », sans conteste à l'origine de la subversion que connut alors le monde islamique, ne devait-il pas rappeler à M. R. Charles que « les mêmes causes produisent les mêmes effets »? Et ne convient-il pas de dire qu'il eût fallu mettre en garde l'Occident contre les effets néfastes d'un fanatisme islamique aveugle, exploité scientifiquement par les techniciens de Moscou, dans les pays arabes soumis à la férule de dictateurs genre Nasser, Kassem et Abbud? Puisqu'il est question du tyran nilotique et de son livre La Philosophie de la Révolution, on se demande pourquoi l'auteur n'a pas jugé nécessaire d'établir le parrainage qui be le fascisme et le nazisme au régime bâtard de Nasser, ce prétendu socialisme arabe né de l'accouplement du machiavélisme romain avec la violence germanique. L'analyse du nationalisme arabe est un chefd'œuvre du genre. Si elle n'apporte aucun élément nouveau, elle montre du moins la collusion du communisme athée avec l'arabo-islamisme fanatiquement croyant, et l'on en arrive à constater que les deux extrêmes se retrouvent dans leurs résultats : la destruction des valeurs traditionnelles. L'auteur mon~ les victoires de l'islam au cours des dix dernières années et considère que l'éman1. Let kharidjites, qui firent leur apparition en l'an 661, IODt comid&~a comme les • nihilistes • de l'islam. Biblioteca Gino Bianco 183 cipation de certains pays tels que le Pakistan, la Syrie, le Liban, l'Indonésie, l'Egypte, la Tunisie et le Maroc, représente une conquête plus foudroyante que ne l'a été jadis celle du monde méditerranéen par les Arabes. Or ces libérations de peuples dont la maturité n'est que théorique sont une tentation pour l'impérialisme communiste qui guette patiemment la proie que lui livrera la xénophobie de chefs mégalomanes. Y a-t-il eu transformation politique dans les Etats islamiques ayant accédé à l'indépendance ou renforcé théoriquement leur souveraineté? Il faut convenir avec M. R. Charles que la stagnation où se complaît l'islam est une constante d'absolutisme et de fanatisme qui emprunte tour à tour aux régimes occidentaux une caricature de démocratie et une parodie de national-socialisme. La chute de la monarchie en Egypte a amené au pouvoir une équipe militaire d~nt un des membre~, Nasser, danse sur la corde occidentale et accomplit des prouesses d'équilibre sur le trapèze oriental, prisonnier des promesses et des gages accordés aux deux blocs, jusqu'au jour où il devra suivre la politique moscovite qui a les moyens de le forcer à remplir ses obligations. L'appareil politique n'a pas changé depuis les époques les plus reculées : aux chefs des tribus ont succédé un Prophète, des califes, des sultans, des rois, des empereurs, des présidents de République. S'il y a eu transformation, c'est dans les titres, mais les cadres politiques sont restés archaïques. L'auteur aborde avec prudence la question du syndicalisme islamique. Mesure de préca~tion vraiment sage, car on ne peut parler de syndicats dans le monde de l'islam tant que les corporations resteront soumises à la tyrannie de l'embrigadement obligatoire. Cependant, une étude sérieuse des cadres syndicaux arabo-islamiques décèlerait la menace d'une orientation vers Moscou, les masses faméliques interprétant le communisme comme un renversement de situation qui réduirait les possédants à l'indig~n~e et nan~~t . de leurs richesses les hordes rmserables, ant1c1pat1onsur les jouissances paradisiaques promises par le Coran. Pour M. R. Charles, la transformation économique de l'islam est purement théorique, car l'agriculture demeure }a principale resso?Ice et n~ se développe que tres lentement. Mais ce qw devrait être souligné en premier lieu, c'est que l'industrialisation a été fictive parce qu'effectuée à partir d'usines préfabriquée~ ou _d'install~tions importées, surtout parce que tributaire des investissements étrangers. Le problème de la production pétrolière, d'ailleurs fort bien traité, aurait · gagné à évoquer les ambitions du nationalisme nassérien, lequel préconise le partage des richesses du sous-sol entre tous les frères arabo-musulmans. Parlant de la transformation culturelle, l'auteur s'appuie sur une opinion grossièrement erronée du professeur Pellat selon laquelle les Arabes se senuent montrés capables de transmettre, en l'enrichissant, l'héritage d'autrui. Sans discuter de la valeur de cet enrichissement, car M. Pcllat n'a

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