M. FAINSOD générales. Livres et articles sur les prétendues démocraties populaires, ainsi que sur les pays « capitalistes », se sont multipliés. Les questions de politique étrangère sont de plus en plus suivies : publication de nombreux recueils de documents et préparation d'une nouvelle édition en cinq volmnes de l' Histoire de la diplomatie. II est aussi question d'une Histoire de l' U.R.S.S. en onze volumes, d'une Encyclopédie historique soviétique, d'une Histoire de l'art russe, d'une Histoire de la culture russe et d'une Histoire du Parti en plusieurs tomes. On projette sérieusement de republier les « meilleures » œuvres d'historiens prérévolutionnaires tels que Klioutchevski, Soloviev et Tatichtchev. Tout cela donne l'impression d'une activité fébrile, de possibilités accrues pour les historiens de s'adonner à la pratique de leur métier. L EST POSSIBLE, comme les rédacteurs de Ques- J tions d'histoire l'ont prétendu récemment, que · la science historique soviétique en soit à un nouveau stade de développement. Cependant, ainsi que lesdits rédacteurs le font remarquer, « la portée et le niveau des recherches sur l'histoire de la société soviétique ne correspondent pas encore aux besoins des temps ou aux exigences croissantes du lecteur. Nous n'avons que peu de travaux de recherche fondamentaux sur la question. Les chercheurs devraient montrer plus d'audace quand ils abordent les problèmes contemporains. » En mars 1960, à une conférence sur l'historiographie de l'édification socialiste et communiste en U.R.S.S. organisée par les sections de sciences historiques de l'Académie des sciences, des idées du même ordre furent exprimées : La masse de nos écrits ne dépasse pas à ce jour les limites de la grande révolution d'Octobre, la guerre civile, la renaissance de l'économie nationale (1921-25) et le premier plan quinquennal. L'étude des stades ultérieurs de la vie soviétique est plus faible. Les historiens soviétiques sont les premiers à reconnaître qu'ils ne sont pas encore en état de faire toute la lumière sur les changements récents. En même temps, ils ont entrepris d'apporter de substantielles contributions à la compréhension de certains aspects des révolutions de 1905 et 1917 et des premières années du régime soviétique. C'est sans doute dans la publication des matériaux d'archives que le progrès est le plus sensible. A cet égard, nous pensons à l'immense recueil de documents sur 1905 et 1917, à la réédition des procès-verbaux des réunions du Comité central en 1917-18, aux comptes rendus de séance de la septième conférence du Parti et du VI0 Congrès de 1917, à la compilation publiée par Questions d'histoire du P. C. de l'Union soviétÛjue dans ses numéros 2 et 3 de 1958 qui fourmssait une masse de renseignements sur l'état de l'organisation du Parti à l'échelon local, à la Correspondancdeu secrétariatdu Comitécentraldu Biblioteca Gino Bianco 137 parti ouvrier social-démocrate de Russie (bolchéviks) avec les organisations locales du Parti, aux Décrets du régime soviétique, au recueil sur La Nationalisation de l'industrie en U.R.S.S., aux documents sur La Politique agraire du régime soviétique, au recueil sur L' Histoire de la Tchéka ( 1917-21) , etc. Inutile de dire que ces documents doivent être utilisés avec circonspection. Même quand les textes n'ont pas été trafiqués, comme c'est le cas du compte rendu sténographique des congrès du Parti, les notes donnent souvent une vue déformée des événements. Les matériaux biographiques sur Trotski, Zinoviev, Kamenev et Boukharine qui accompagnent les procès-verbaux du VIe Congrès récemment réédités ( 1958) donnent une idée de la distance que les historiens-courtisans de Khrouchtchev ont encore à parcourir avant d'atteindre la vérité. Certes, les documents peuvent être et sont expurgés, et ceux qui restent gênants sont soustraits aux regards du public. Ces réserves faites, il est heureux que les historiens aient été autorisés à publier pareils matériaux. D'autant qu'à l'occasion ils content une histoire qu'omissions ou annotations, si ingénieuses soientelles, ne réussissent pas à cacher. Moins utile que les documents, mais non dénué de valeur, est le flot montant des articles et monographies fondés sur des recherches d'archives. Nombre d'entre eux, qui ont trait à la période présoviétique, utilisent des matériaux récents et, quoique les interprétations tendent à suivre les schémas « marxistes-léninistes », d'intéressantes questions sont parfois soulevées. Même dans ce domaine sensible des précurseurs du bolchévisme, un travail substantiel a été accompli : quoique l'une des meilleures monographies, Origines du marxisme en Russie entre 1883 et 1894, due à Z. Polevoï et parue en 1959, ait été attaquée dans la Pravda pour son « esprit objectiviste » et ses « entorses au principe léniniste de l'esprit de parti», l'ouvrage a été par ailleurs favorablement commenté et demeure apparemment en vente. * ,,.,,. LES MONOGRAPHIES et articles traitant de la période soviétique présentent un problème plus délicat. Certains offrent une grande richesse de données de fait, mais ils sont soigneusement passés au crible et les omissions y sont au moins aussi notables que les matériaux mis au jour. Nous nous contenterons d'en donner quelques exemples. L'Histoire de /'U.R.S.S. (1958, n° 6) contient un article de V. K. Medviédiev intitulé:« La liquidation des koulaks dans le territoire de la BasseVolga ». La thèse générale n'est pas nouvelle : les koulaks devaient disparaître en tant que classe parce qu'ils sabotaient les campagnes pour la collecte du p-ain et s'opposaient à la collectivisation. La décision de les liquider eut l'approbation de
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