76 au niveau de l'État, les idéologues n'en attendent pas moins la prédominance ultérieure des mouvements « prolétariens ». Pénétration économique LA CONCLUSION d'accords économiques avec !'U.R.S.S. et les autres Etats communistes est pour Moscou l'une des pierres de touche de la respectabilité internationale d'un pays quelconque. Certains des nouveaux Etats africains ont passé le test avec succès; d'autres non, qui sont en fait au ban de la société aux yeux des Soviétiques, étant des «chasses gardées des monopoles occidentaux». Tous les comptes rendus soviétiques soulignent la dépendance économique des pays africains à l'égard de l'Occident; l'aide russe et le commerce avec !'U.R.S.S. sont donc présentés comme un facteur de «libération». En même temps, l'expression «offensive économique » appliquée aux initiatives de Moscou sur le plan économique est rejetée avec indignation, mais le ton polémique des écrits communistes semble prouver la justesse du terme. C'est évidemment dans le domaine politique qu'il faut chercher les mobiles de l'aide soviétique, comme l'admet implicitement au moins un spécialiste : Dans ses rapports avec les pays capitalistes, l'Union soviétique utilise les contacts économiques avant tout comme un levier important pour renforcer l_esrelations . pacifiques et établir un climat de confiance entre Etats ayant des systèmes sociaux différents 15 • L'aide est en effet l'une des armes essentielles de la politique du Kremlin en Afrique. Qui plus est, la publicité qui lui est faite (!'U.R.S.S., aflirme-t-on, aide à mettre sur pied plus de 100 entreprises, industrielles et autres, en Afrique 16 ) est calculée en vue de donner une impression exagérée de son étendue. Il ne· faut pas perdre de vue que dans pareille affirmation l'aide à l'Egypte est incluse. Sans vouloir examiner ici ce que représente cette aide dans le contexte africain, on peut noter que le barrage d'Assouan est présenté comme l' échantillon de l'assistance russe non seulement pour les pays arabes, mais aussi pour l'Afrique. La propagande soviétique entend naturellement tirer le maximum de cette entreprise : d'où de violentes réactions lorsque récemment un fonctionnaire du service de presse de la R. A. U. déclara à des journalistes en visi~e au barrage qu'il n'y avait « rien à écrire » sur le sujet, étant donné qu'il n'y avait «encore aucun résultat» 17 • 15. B. Pitchouguine in International Affairs, 1959, n° 10, p. 70. ·16. « Les liens commerciaux et économiques de l'U.R.S.S. avec les pays d'Afrique », in Commerce extérieur, 1961, n° 4, p. 20. 17. Pravda et Izvestia, 14 sept. 1961. Bibrioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Pom les pays situés au sud du Sahara, les chiffres sont à première vue impressionnants. Le total des prêts soviétiques à cinq pays africains - Ethiopie, Guinée, Ghana, Mali et Somalie - entre juillet 1959 et juillet 1961 est de 787 millions de roubles, soit 197 millions de dollars. Mais ces prêts doivent être remboursés, contrairement aux dons qui constituent l'essentiel de l'assistance fournie par les pays occidentaux. Les prêts des pays occidentaux, de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement et d'autres agences de l'O.N. U. aux pays sousdéveloppés au sud du Sahara pendant la période du 1er juillet 1957 au 30 juin 1959 atteignent 114,7 millions de dollars; les dons non remboursables de l'Occident polir la même période se montent à 296,3 millions de dollars 18 • De plus, alors que les chiffresde l'aide occidentale traduisent les fonds effectivementfournis aux pays africains, on ne sait rien du rythme auquel les prêts sovié- .. tiques sont réellement dispensés : il est vraisemblable que ces crédits à long terme (par exemple sur douze ans) sont ouverts au fur et à mesure de la réalisation des travaux. La seule méthode réaliste pour établir une comparaison statistique consisterait sans doute à mesurer l'importance respective des chantiers effectivement menés à terme en Afrique par l'Union soviétique et les pays occidentaux au cours d'une période donnée. * ,,,.,,,. L'ÉTHIOPIE fut le premier pays sub-saharièn à recevoir une aide massive. Un accord portant sur un prêt de 400 millions de roubles et sur une participation au développement de l'économie éthiopienne fut conclu en juillet 1959. L'U.R.S.S. doit se livrer à de la prospection minière et construire une raffinerie de pétrole : elle envisage également de mettre sur pied une usine métallurgique 19 • La presse soviétique donne une large publicité à l'école technique pour mille élèves qui se construit à Bahar Dar, cadeau de !'U.R.S.S. à l'Ethiopie. Mais il est curieux de constater la discrétion, eu égard à l'envergure des prêts consentis à l'Ethiopie, dont cette même presse fait preuve quant au progrès ·des autres chantiers. En août 1959, l'Union soviétique accorda à la Guinée un prêt de 140 mi11ionsde roubles sur douze ans à 2,5 %, en plus d'une assistance technique pour la construction industrielle, la construction de routes et le développement de l'agriculture. Par un protocole du Ier mars 1960, elle s'engageait à édifier en 1960-63 une fabrique de ciment, une usine de traverses pour chemins de fer, une fabrique de chaus~ures, une usine de conserves de fruits et légumes, une usine de 18. Chiffres empruntés à International Economie Assistance to the Less Developed Countries, Department of Econom~c and Social Affairs, United Nations, New York 1961. 19. Commerce extérieur, 1959, n° 9, p. 46.
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