Le Contrat Social - anno V - n. 6 - nov.-dic. 1961

AVENIR DES KOLKHOZES • par Allen B. Ballard DEPUIS TROISANS,les revues soviétiques abondent en articles traitant des moyens de fusionner la propriété publique et la . propriété « kolkhozienne-coopérative». Il s'agit au fond de mettre un terme à une situation anormale: un Etat qui se dit socialiste et à la veille de passer à l'étape supérieure du communisme continue de tolérer une organisation agricole, le kolkhoze, qui offre à la fois les caractères de la propriété collective et ceux de la propriété privée. Pour comprendre cette situation, il faut dès l'abord connaître la différence entre le kolkhoze - aujourd'hui encore forme fondamentale de l'organisation de la production agricole en Union soviétique - et le sovkhoze, ou ferme d'Etat, sur lequel le régime met de plus en plus l'accent depuis la mort de Staline. Le kolkhoze est, par définition, une association volontaire de paysans qui ont accepté de mettre en commun leurs ressources afin de jouir des avantages du travail collectif. Selon la loi, son organisme dirigeant est une assemblée générale des kolkhoziens ayant pouvoir d'élire un président et un conseil d'administration chargés de gérer les affaires de l'exploitation. Or, dans la pratique, l'essentiel de la vie économique et politique des kolkhozes est sous la haute main des organisations locales du Parti et de l'État. Les kolkhoziens ont deux sources de revenus : la vente des produits de leur lopin privé, dont l'étendue va d'un quart d'hectare à ·un hectare, et une part du revenu du secteur collectif de la ferme, après livraisons à l'Etat et autres déductions obligatoires. Pendant la plus grande partie de l'histoire des kolkhozes, les kolkhoziens ont été payés annuellement sur· la base des « journées de travail» accumulées, unité de mesure calculée pour déterminer la part de chacun au travail du secteur iblioteca Gino Bianco collectif. Le paiement était effectué généralement à la fois en espèces et en nature. Mais récemment une tendance s'est manifestée à verser aux paysans des « avances » à échéances régulières, mensuelles ou trimestrielles, en même temps que des efforts étaient faits pour substituer des paiements en argent aux paiements en nature. De plus, certains kolkhozes ont commencé à adopter un système de « normes » de travail établies sur une base monétaire plutôt qu'en fonction des journées de travail. Cette évolution rapproche les kolkhozes du mode de paiement en vigueur dans les sovkhozes, où un salaire mensuel en numéraire est garanti à condition que les normes soient remplies. Les sovkhozes, ces entreprises d'Etat, sont depuis longtemps considérés comme la forme la plus achevée de l'organisation socialiste en matière d'agriculture. Il n'y a jamais été question de démocratie, le directeur et les principaux spécialistes étant nommés par l'Etat et les sovkho- . ziens étant soumis à la discipline et aux règlements des usines. Au début des années 30, les sovkhozes étaient en effet connus sous le nom d' « usin~s à grain». * ,,. ,,. LA POSITIONdu régime à l'égard des kolkhozes a été formulée récemment par Khrouchtchev. Au x:x1e congrès du Parti, en janvier 1959, il déclara que les kolkhozes accéderaient au niveau de la propriété publique par quatre moyens : I. Croissance de leurs fonds indivis ; 2. Participation accrue des kolkhoziens au travail du secteur collectif des kolkhozes ; 3. Développement d'associations entre kolkhozes;

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