Le Contrat Social - anno V - n. 4 - lug.-ago. 1961

246 ·et y compris l'excellente monographie du B.I.T. mentionnée ci-dessus. Le seul privilège dont bénéficie ce dernier ouvrage est une mention ... en tant que référence à une citation de source soviétique. Il y a pire : les auteurs reprennent des mots d'ordre officiels réfutés en 1927 d'après des faits incontestables, lesquels sont passés sous silence. C'est ainsi qu'ils prétendent qu' « entre février et octobre 1917, les bolchéviks s'assurèrent graduellement une influence prépondérante sur le mouvement syndical ». Pas un mot des stratagèmes ni des pressions par lesquels fut brisée la résistance des syndicats après le coup d'Etat - toutes choses démontrées et étayées de documents irrécusables dans la monographie du B.I.T., il y a bientôt 35 ans. En dépit de sa détermination de ne tenir aucun compte des recherches objectives, la mission aurait pu ne pas être dupe des mensonges des représentants de l'Etat, du Parti et des pseudosyndicats. Il lui eût suffi de dépouiller consciencieusement la presse. Elle a préféré ne puiser à cette source que des thèmes de propagande. On est donc allé en U.R.S.S. non pour enquêter sur la situation réelle des syndicats, mais sur les interprétations qu'il convient de donner aux pratiques antisyndicales de l'Etat totalitaire afin de les faire apparaître sous un jour favorable. Un an plus tard, le chef de la mission entreprit un nouveau voyage, seul cette fois, qui dura une quinzaine de jours. Le rapport en passe le but sous silence, se contentant d'indiquer que le fonctionnaire du B.I.T. s'est rendu par chemin LE CONTRAT SOCIAL de fer de Moscou à Sverdlovsk, où il a passé quatre jours en diverses visites. Ce voyage-éclair est d'août 1960 et le rapport, imprimé sous forme de livre, porte la date de 1960. On est en droit de se demander si, en août dernier, le texte ne fut pas soumis à la censure de l'Etat soviétique et de ses pseudo-syndicats. Un détail trahit mieux que tout le reste la mauvaise foi des auteurs. Le rapport commence par un tableau d'ensemble du régime, du développement économique, de la situation sociale, etc., où l'on peut lire, vers la fin, la phrase suivante : « Ne déduisons toutefois pas de ce qui précède que la vie du citoyen soviétique est un véritable paradis. » Aveu sans fard des contrevérités accumulées dans « ce qui précède». D'une façon générale, tout en traitant de choses n'ayant aucun rapport avec la liberté syndicale - il est question des vins rouges et blancs de Crimée et du champagne de Géorgie, mais également du palais du prince Youssoupov, des mises en scène « fastueuses » de spectacles de ballets et d'opéra, et ainsi de suite - le rapport feint d'ignorer que le régime soviétique est une dictature : simple détail, comme chacun sait ... Décidément, c'est de propos délibéré que les membres de la mission qui ont rédigé le rapport, et la direction du B.I.T. qui en a décidé la publication, intoxiquent l'opinion publique, et avant tout l'opinion ouvrière, en abusant de l'autorité de l'Organisation internationale du Travail. PAUL BARTON. CHRONIQUE « Nations Unies » : faux problème EN CRÉANTl'organisation des Nations Unies, en 1945, au mépris de l'expérience malheureuse et si instructive de la défunte Société des Nations, le gouvernement américain croyait servir l'intérêt des Etats-Unis autant que la paix internationale. Quinze ans d'expérience renouvelée démontrent que l'intérêt mieux compris des Etats-Unis et des pays libres serait de renoncer à l'utopie de F. D. Roosevelt, héritée de W. Wilson. Quant à la paix internationale, personne n'osera désormais soutenir sérieusement que les Nations Unies en décident puisque les grandes puissances traitent des questions de vie ou de mort dans des conférences « au sommet » ou séparément en tête à tête. Il n'était nul besoin de ces quinze années pour s'en convaincre, car l'entreprise portait en elle au départ ses germes de discorde et de mort. Biblioteca Gino Bianco , Elle se fonde en effet sur des notions abstraites que dément la réalité,. à savoir par exemple qu'un homme en vaut un autre, que toute nation est égale à la caricature d'une nation, qu'une majorité a nécessairement raison contre la minorité, que des Etats nés, évolués dans des conditions différentes à tous égards ont des besoins identiques et conçoivent leur avenir selon des perspectives compatibles entre elles, etc. Ces vues de l'esprit ne pouvaient résister à la moindre· épreuve des faits, même sans qu'on se réf ère aux sempiternelles :< leçons de l'histoire». Si l'on quitte le plan des idées générales, qui est aussi celui de la « nature des choses», pour se tenir sur le terrain des vérités pratiques, il faut s'étonner que des hommes d'Etat soient assez naïfs pour ne pas discerner de différence, le cas échéant, entre telle ou telle nation et le régime

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