Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

48 finis ou semi-finis fabriqués à partir des matières premières, qu'elles soient propres à l'usine ou achetées au dehors (étant entendu . que de cette somme est défalquée la valeur des produits soumis à une nouvelle transformation dans cette même usine et des produits consommés au cours de la fabrication) ... La production brute d'une branche d'industrie ou de l'ensemble de l'industrie est obtenue par addition des données établies par la méthode indiquée plus haut dans chaque entreprise de cette branche ou de cette industrie ... En calculant cette production brute au moyen d'une simple addition des productions brutes des entreprises économiques d'un ensemble donné, on s'écarte du volume réel, calculé en valeur, de la production de cet ensemble, car on exagère ce volume. Cette suresti ... mation est provoquée par la comptabilisation réitérée puisque la production de certaines entreprises, déjà comptabilisée, peut être comptabilisée de nouveau une ou plusieurs fois dans la production brute d'autres entreprises auxquelles ces produits sont livrés pour une nouvelle transformation. Ainsi un tissu, déjà comptabilisé parmi les produits de l'industrie textile, peut de nouveau figurer dans la production brute de l'industrie du vêteme1;1t,etc. En tant que catégorie économique, la production brute ne représente nullement le volume réel de la production, exprimé en valeur, ni la valeur totale de cette production, mais uniquement la somme de la valeur des marchandises concrètes livrées au marché par les diverses entreprises. Une partie de· ces marchandises peut trouver une ou plusieurs fois un nouvel emploi dans une autre industrie de transformation. Il peut y avoir intérêt à préciser la masse totale des marchandises. La méthode de la production brute ne peut servir qu'à cela; non à mesurer le volume réel, calculé en valeur, de la production 10 • Après l'affermissement de la dictature de Staline, les économistes n'avaient plus qu'à étouffer leurs scrupules si nettement exprimés dans l'article précité et à se conformer aux ordres du Parti, pour qui l'effet de propagande importe beaucoup plus que la réalité objective. De fait, l'article valovaïa prodouktsia promychlennosti (production brute de l'industrie) qui figure dans la 2e éd. de la Grande Encyclopédie (1951, vol. 6) est beaucoup plus bref que le précédent. Il fait table rase de tous les raisonnements, devenus autant d'hérésies, et affirme de façon péremptoire : La production brute de l'industrie caractérise la grandeur de la production industrielle et ses variations durant la période étudiée; elle sert également à calculer les modifications de la productivité du travail... La production brute est planifiée et comptabilisée pour l'ensemble de l'industrie en prix de gros, c'est-à-dire y compris l'impôt sur le chiffre d'affaires ... On V?i~9u'il n'y a _plu~trace de doutes quant à la vahd1te de la production brute comme indice de la production réelle. Mais l'article ·souligne. que la production brute englobe l'impôt sur le chiffre_~'affaires, ce qui .gC>nfelencore les chiffres : . . 10. G.E.S., ,1re éd., vol, ~,. ~ol, 664 -et 665, L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE La production industrielle brute est comptabilisée et centralisée dans les ministères et à la Direction centrale de la Statistique en prix de gros, y compris l'impôt·. sur le chiffre d'affaires 11 • :· Dep~is la mort de Staline et la · « coexistence pacifique», la publication des statistiques s'est beaucoup développée. Leur présentation est en apparence similaire à celle des autres pays, ce qui permet à la propagande de vanter sans relâche les succès extraordinaires de l'économie « socialiste». Le lecteur occidental non averti est trop souvent tenté, en comparant les indices qui figurent de part et d'autre sous la même rubrique, d'ajouter foi aux apparences et de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes soviétiques. Il peut lui sembler que la puissance " économique du « camp socialiste» s'accroît à une cadence très rapide et que l'URSS va bientôt dépasser les États-Unis. .. Heureusement, Khrouchtchev lui-même, quand il a besoin de dénigrer ses adversaires du Parti ou de rétrograder quelque personnalité pour des fautes de gestion 12 , apporte parfois certaines précisions fort utiles. La vérité objective profite aussi des scrupules de quelques savants comme Stroumiline qui, bien que soumis depuis plus de quarante années à la pression du Parti, n'ont pas désappris à raisonner sainement. Dans sa controverse avec Tchoukhanov, le vieil économiste ne s'était point borné à démontrer le décalage entre production brute et production réelle. Il poussa ses calculs afin de prouver que « le rythme de l'accroissement de la production brute est notoirement exagéré, en comparaison avec l'accroissement réel du revenu national, tant en volume qu'en valeur» (p. 235 de l'ouvrage cité) et put dresser un tableau de l'évolution de la production industrielle de 1928 à 1956 inclusivement (p. 236). En voici les dernières colonnes: Production en milliards de roubles (calculée au niveau des prix de 1926-27) . Année· Brut Net Valeur Pourcentage En volume En valeur absolue 1928 21,5 100 10,l 10,l 1932 43,3 202 19,4 14,4 1937 95,5 446 39,8 18,3 1940 138,9 646' 69,9 19,8 1945 127,5 593 46,9 17,2 1950 240,5 I.119 81,1 25,6 1955 444,6 2.069 136,1 31,3 1956 '492,4 2.290 147,7 33,3 Stroumiline souligne : La dynamique de ces indices pour les années de guerre (1940-45) n'est pas probante et doit être négligée. Il 11. G.E.S., 2e éd., t. 6, p. 577. 12. Comme dans le cas de Béliaev, rendu responsable de la mauvaise récolte de 1959 au Kazakhstan. Cf. notre article « Difficultés de l'agriculture soviétique », in Contrat social, juillet 1960. .. , . · .

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