364 mais les officiers croient que l'heure a sonné. Attendant sur l'aérodrome, au mille~ du blackout, leur embarquement pour les pomts de largage, ils parlent de la guerre qw pour eux a commencé. Leurs épouses et leurs familles pense,!?-~ de même et le bruit court que l'Occident a deJa lâché ses premières bombes · atomiques. Les femmes se réunissent chez la générale et font revivre les jours sinist'.!-"edse 1941. Radi?-M.oscou diffuse un concert, mais elles refusent d y [aJouter foi : l'une d'elles fait remarquer que l'annonce de l'invasion avait également suivi une émission musicale. Le fait que les occupants d'une caserne aient pu croire à ce po~t ~ l'imminence ~e 1~ guerre est le si~~ cert~, d ~e ~ande na1vete politique. L'hyster1e guemere, ainsi que la propagande soviétique le souligne cons~amm~nt, est un mal contagieux. Ce roman contribue a propager la _maladie. * '1- '1UNEAUTREQUESTIOiNntéressante a été abordée l'année dernière à l'occasion d'une large controverse sur la nature de l'« humanisme soviétique». La discussion se concentra sur deux publications qui posèrent le problème des anciens soldats de Vlassov et de leur réhabilitation. Une nouvelle de S. Voronine intitulée Dans son village natal fut publiée par la N éva, revue littéraire de Léningrad. . Le héros de l'histoire rentre dans son village et y retrouve un camarade d'école perdu de ~ue depuis longtemps. Cet homme est un. ancien soldat antisoviétique de Vlassov, tranqwllement revenu chez lui après la guerre. Pour échapper au châtiment, il a gardé son secret. Son camarade est placé de~ant un dileAmm~: ~oit-!l aider _les autorités et livrer un traitre a la Justice ou bien doit-il l'aider à oublier le passé ? Il se décide pour la seconde solution, ce qui eut pour effet de déchaîner la colère vertueuse de Serge Snurnov, rédacteur en chef de la Gazette littéraire, pour qui toute idée de concession à un ancien partisan de Vlassov semble incompréhensible : « Voronov a violé ce principe ~acro-saint[ et immuable ~u Parti qui interdit de pardonner les actes vils de nos ennemis. » La sortie de Smirnov doit être comprise à la lumière de la discussion de Rudes plaines, roman d'A. KaHnine, publié d'abord en feuilleton dans la revue de Moscou la Jeune Garde, puis réuni en un volume 5 • · La partie du r?man soumise à c?ntroverse traite d'un ex-parttsan de Vlassov qw rentre au pays quelque temps après la guerre et qui échappe à toute poursuite, comme le persol?-llaged.e Vor?- • nine. Cette fois, ce sont un foncttonnau:e de village du Parti et ~ écrivain qui plaident s~n pardon et veulent lui offrir la chance de redevemr un bon 5. Sourovy4 polia, Moscou 1959. Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE citoyen. Ils prétendent,_que l'ho1!1~e a été victime des circonstances, qu tl fa~t 1 aider et non, ~e rejeter, et ils obtiennent gain de caus~ en d~p1t de l'opposition quelque peu dogmatique d un président de kolkhoze. La critique s_edivisa su~ cette co_nclusion.p,~s Novy Mir, Étienne Zlobine soutmt que c eta!t une «honte» et une sorte de « maladresse politique » que de mettre des mots ~e pardon pour ~ ancien traître dans la ·bouche d un fonctionnaire du Parti. Selon lui, cette idée était inspirée_par un « humanitarisme apolitique », concept qui n'a · pas sa place dans la société soviétique. UNE ÈRE·NOUVELLsE'ouvre pour le roman de guerre soviétique. La vieille loi_d'obéissance aux prescriptions du Parti est touJours valable, mais dans des limites beaucoup plus souples. Le Kommounist, revue du Comité central du Parti traitait en avril dernier du « courant principal' en littérature » et mentionnait des cas de « manière individuelle ». Sans encourager de façon explicite cett~ manièr~, le Komm~unist tro~ve qu'il est possible de dire que les regles du realisme socialiste n'exigent pas une absolue conformité de style et de traitement du sujet. Ce qui est une façon tacite de reconnaître le droit de l'auteur à choisir sa propre forme d'expre~sion et à employer des formules non conventionnelles pour exprimer des idées acceptées par tous. · Les écrivains avaient rêvé de cela sous Staline. Bien sûr, ce n'est pas gr~d-chose pou~~ le~e"o/ occidental et encore moms pour un cnttque litteraire; mais, dans la littérature soviétique, c'~t un pas en avant. La form~~ ~u Kommoun~t s'applique à toutes les formes d ecnture, y compns les romans de guerre, et il vaut de noter que la revue a fait état de la position de Nékrassov. Mais '(et c'est là un grand mais) il ne faut pas oublier que ce relâchement des règles de fer ne concerne que la /orme de la littérature et non son contenu idéologique. Les dernières années ont aussi montré que la gamme des thèmes de guerre s'est élargie et que l'interdit qui frappait les sujets délicats de 1941-45 a été levé. Simonov parle des défaites du début, dans Le Destin d'un homme Cholokhov dépeint la vie d'.un soldat soviétique en captivité en Allemagne et Voronine, dans Son village natal, discute ouvertement du retour d'un ancien cavalier de l'armée du renégat Vlassov. L'ouvrage de Baklanov, Un pouce de terrain, a même été proposé cette année pour un prix Lénine. Cette candidature était parrainée par un groupe d'écrivains mais n'a pu franchir le barrage du comité gouvernemental des prix Lénine. S.LOCHTIN. ( Traduit de l'anglais)
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==