Le Contrat Social - anno IV - n. 6 - novembre 1960

rev11e historique et critique des faits et Jes idées Novembre 1960 Vol. W, N° 6 OMBRES par B. John Keswick, directeur de Jardine, Matheson and Co à Hong-Kong, une des principales firmes britanniques qui aient commercé avec la Chine pendant plusieurs générations, passe à juste titre pour un homme des mieux avertis sur ce pays. Quand un visiteur le questionne maintenant, il répond : « Tout ce que j'ai eu l'occasion d'apprendre sur la Chine est aujourd'hui sans valeur. » Et il montre un cahier sur la couverture duquel on peut lire : « Ce que je sais sur la Chine ». A l'intérieur, ce sont des pages blanches. John Keswick, le vieil « homme de Chine », grand seigneur des relations avec l'Empire du Milieu, commente son cahier d'une blancheur éloquente en ces termes qui méritent de rester : « Seuls ceux qui comprennent la Russie soviétique peuvent comprendre la Chine rouge. » Cf. notre numéro de mai 1959, p. 185. LA CONSTITUTIOdNe l'État communiste chinois stipule, dès son Préambule : « Notre pays a déjà établi une amitié indestructible avec la grande Union des Républiques socialistes soviétiques », amitié qui « continuera à se développer et à se renforcer». Il appartient aux spécialistes de droit constitutionnel comparé de dire s'il existe un cas analogue de Constitution étatique dont l'entrée en matière affirme un tel principe de politique extérieure comme inhérent à la définition du régime. Dans son rapport sur le projet de Constitution qu'il a commenté et justifié, Liou Chao-chi motive plusieurs fois cette solidarité particulière entre les deux États communistes : « Ce fut seulement après la première guerre mondiale et la victoire de la grande révolution socialiste d'Octobre en Russie que le peuple chinois commença à Biblioteca Gino Bianco CHINOISES Souvarine s'apercevoir du déclin continu du capitalisme de l'Occident et de la grande aurore du socialisme», dit-il avant de rappeler que l'alliance avec l'Union soviétique était une des trois thèses politiques fondamentales de Sun Yat-sen. « Grâce aussi à l'aide de notre grande alliée, l'Union soviétique, notre pays a relevé en une brève période l'économie nationale », reconnaissait-il, et : « L'expérience des États socialistes avancés, à la tête desquels se trouve l'Union soviétique, nous a été d'une grande aide. »Sans aucune réticence., Liou Chao-chi déclarait encore : « La voie que nous suivons, c'est précisément la voie qu'a suivie l'Union soviétique. Cela ne fait pas le moindre doute pour nous. La voie de l'Union soviétique, c'est la voie conforme aux lois du développement historique et que suivra inévitablement toute l'humanité. Il n'est pas possible de ne pas prendre cette voie. Nous avons toujours considéré le marxisme-léninisme comme une vérité universelle. » Ces paroles qui engagent et la Constitution qui en codifie le sens datent de septembre 1954, cinq ans après l'instauration du régime communiste par la conquête militaire dont Mao Tsé-toung avait été le stratège. Depuis, l'alliance préconisée par Sun Yat-sen dans ses « trois directives» et dans ses dispositions testamentaires ne s'est pas seulement avérée indéfectible : elle a pris une tournure que Sun, chef du Kuomintang, n'avait pas prévue. Plus que d'une alliance, il s'agit pour longtemps d'une solidarité intime, essentielle, de par la victoire des armées communistes sur le Kuomintang. Les dirigeants actuels de la Chine

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