Le Contrat Social - anno IV - n. 3 - maggio 1960

L'expérience communiste SITUATION DU RÉVISIONNISME par Williaip E. Griffith PENDANT la période d'effervescence idéologique en Europe de l'Est qui aboutit, en Pologne et en Hongrie, aux bouleversements de la fin de 1956, l'Occident avait conscience du rôle primordial joué par le nombre croissant d'intellectuels communistes qui, pour la première fois, osaient se dresser contre le caractère oppressif et irrationnel du totalitarisme stalinien et allaient jusqu'à mettre en question certains aspects du dogme sacro-saint du Parti. Les événements de l' « Octobre polonais » mirent ce rôle encore plus en évidence et, malgré l'issue tragique de la révolte en Hongrie, cette tendance, baptisée depuis révisionnisme, continue d'être considérée comme une force propre à exercer une influence capitale sur l'évolution du monde communiste. Pour beaucoup d'intellectuels de gauche en Occident, le révisionnisme était la promesse d'une « troisième force vraiment socialiste » et humanitaire. D'autre part, les adversaires du marxisme sous toutes ses formes y voyaient avant tout un élément de désintégration qui pouvait diviser et affaiblir les forces communistes. Aucun de ces espoirs n'a été confirmé par les événements des trois dernières années. Le révisionnisme n'est plus aujourd'hui une force effective dans la vie politique d'aucun pays de l'Est européen, y compris la Pologne où son influence avait été la plus forte et la plus durable. En Union soviétique même, les tendances révisionnistes ont été efficacement étouffées par la double politique khrouchtchévienne de pression continue sur la vie intellectuelle et de concessions économiques à la population; et en Chine communiste, les courants révisionnistes qui se maniBiblioteca Gino Bianco - festèrent pendant la brève période des « Cent Fleurs » ont été réprimés lors des campagnes contre les « déviations de droite». Le révisionnisme n'a pas connu un meilleur sort en Occident où ses champions ont pour la plupart déserté les rangs communistes ou en ont été exclus, et n'ont pu exercer une influence sensible sur les partis socialistes démocratiques. Les causes de ce déclin général de l'influence révisionniste sont complexes. Certes, les mesures prises par tous les régimes du bloc communiste pour resserrer les directives idéologiques et réprimer l'expression publique de vues révisionnistes ont été décisives. ·Toutefois une autre cause, • plus importante peut-être, réside dans le fait qu'en Europe de l'Est et probablement ailleurs, de nombreux révisionnistes, sinon tous, sont parvenus eux-mêmes à la conclusion que le mouvement, dans la mesure où il postule des réformes à l'intérieur du marxisme-léninisme, offre peu d'espoir d'une véritable libéralisation. Définition du révisionnisme AVANT D'EXAMINER ces causes dans le détail, il faut définir ce qu'était le révisionnisme dans le milieu où il prit naissance. Il le faut d'autant plus que les exagérations et les déformations de la longue campagne antirévisionniste de 1957-58 ont semé la confusion dans les esprits. Cette campagne étendit l'acception du révisionnisme au point que le terme finit par embrasser virtuellement toute tendance tenue pour dangereuse par Moscou ou par Pékin ou par les deux à la fois..

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