TH. RUYSSEN Unidos du Brésil et du Mexique, Union des Républiques socialistes soviétiques, etc. 10 • Au total, si l'on doit, comme nous le pensons, considérer l'Organisation des Nations unies comme une institution de caractère fédératif, on constate que plus de la moitié de l'humanité se trouve dès à présent engagée dans un ,complexe où des fédérations se superposent: les Etats-Unis, le Mexique, le Brésil font partie à la fois de l'O.N.U. et de l'Union panaméricaine, les membres du Commonwealth sont tous affiliés à l'O.N.U. Et si l'on remarque que les États encore tenus à l'écart de l'O.N.U. : Allemagne fédérale, Italie, Japon, Chine populaire, etc., réclament tous leur admission dans cette organisation, et si l'on ajoute que les jeunes États en voie de constitution sur le sol africain n'ont rien de plus pressé que de solliciter leur entrée dans la plus vaste communauté politique du monde, on est en droit d'assurer que l'idée fédérative n'a jamais sollicité les esprits avec plus d'intensité. Il semble que le monde politique moderne s'achemine, selon l'expression même de Proudhon, vers une « confédération de confédérations ». Sans doute l'organisation qui siège à New York ne pourrait-elle inspirer à Proudhon que colère ou mépris ; le rôle prépondérant, et d'ailleurs paralysant, qu'y 'jouent les grands États ne pourrait que scandaliser l'auteur du Principe fédératif, apôtre passionné des groupes de médiocre importance. Proudhon verrait aussi avec chagrin que le ressort de la grande organisation internationale n'est ni le commerce ni l'industrie, mais la puissance militaire. Cependant la ruée unanime des États vers le palais Rockefeller reste bien dans la trajectoire générale du proudhonisme. Une seule exception, mais qui confirme la règle : l'abstention systématique de la Confédération helvétique, obstinément et sagement attachée à sa neutralité. EST-IL POSSIBLEd'apporter à cette flatteuse perspective quelque précision en considérant l'évolution actuelle du fédéralisme dans les régions où cette tendance s'affirme avec le plus de vigueur ? C'est bien entendu vers l'Europe que doit se tourner d'abord notre attention; le mouvement fédéraliste y est en pleine expansion et il y compte déjà des réalisations prometteuses. Depuis Proudhon, nombre de bons esprits signalaient déjà les avantages d'une Europe uni10. Aujourd'hui on peut considérer comme États fédéraux : la Suisse, l'Allemagne de l'Ouest, l'URSS, la Yougoslavie, les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Venezuela, le Brésil, la République Argentine, l'Australie, l'Inde, la République arabe unie, le Mali. Comme confédérations d'États : l'O.N.U., le Commonwealth, la Communauté française, l'Union panaméricaine, l'O.T.A.N. BibliotecaGino Bianco · 139 fiée ; des voix autorisées appuyaient cette conception; et comme il s'agissait avant tout de faire front aux deux géants de l'Est et de l'Ouest, c'est vers une unification politique que se portaient les préférences des bâtisseurs de la nouvelle Europe. Les exigences de l'heure allaient imposer un cheminement tout différent. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, tous les pays d'Europe qui y ont participé sont éprouvés par une profonde détresse économique provenant à la fois des énormes destructions de la guerre, de la chute de la production et de l'extrême difficulté des échanges. Le gouvernement américain eut le mérite de comprendre que les États-Unis, qui disposaient alors d'énormes excédents de richesse, risquaient de perdre le client européen s'ils ne commençaient pas par l'assister dans son relèvement économique, au besoin par de véritables dons. Telle fut l'origine du plan Marshall, lancé en 1947. Le général Marshall avait sagement recommandé aux pays européens de dresser un programme commun de besoins et de plans constructifs. c:est pour répondre à cette suggestion que les Etats intéressés constituèrent en 1948 l'Organisation européenne de coopération économique ( 0 .E. C.E.), qui centralisa les demandes et répartit les crédits obtenus. Bientôt l'O.E.C.E. s'appliqua à la libération des échanges et des paiements et institua en 1950 l'Union européenne despaiements ( U.E.P.). Les heureux effets du plan Marshall ont rapidement mis en évidence l'idée que l'Europe ne peut recouvrer sa prospérité que si elle se constitue en un territ,oire économique unique, comparable à celui des Etats-Unis. C'est alors (mai 1950) que Robert Schuman lance l'idée d'un plan limité à la production et au commerce du charbon et de l'acier, mais portant création d'une autorité supranationale dotée d'un pouvoir de décision; ainsi naquit la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A.), institution dont il n'est pas excessif d'affirmer qu'elle apporte dans le droit international une véritable révolution puisqu'elle dessaisit les États participants d'une de leurs compétences. Ainsi, avant de se réaliser sur le plan politique, la fédération européenne se manifeste sur le plan économique; sept années d'activité féconde et régulière ont démontré l'excellence de cette procédure. Sur le plan économique encore, le fédéralisme a enregistré récemment de nouveaux progrès. Laissons de côté la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom), qui procède avant tout de préoccupations politiques. Il faut mentionner à part le Marché commun qui constitue la « Petite Europe » ou « Europe des Six », comprenant le Benelux, l'Allemagne, la France et l'Italie. On constate dès à présent que cette création a obtenu des résultats concrets : le volume des échanges a augmenté entre les six États participants et un système de réduction progressive des droits de douane est mis en application. Rien ne souligne mieux l'importance du Marché
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