Le Contrat Social - anno IV - n. 1 - gennaio 1960

34 entre dirigeants bolchéviks après la révolution de Février et avant le retour d'exil de Lénine sont présentés d'une façon nouvelle. Le Précis disait que ... ... Kamenev et plusieurs militants de l'organisation de Moscou, par exemple Rykov, Boubnov et Noguine, avaient adopté une position semi-menchévique de soutien conditionnel du Gouvernement provisoire et de la politique des partisans de la guerre. Staline, qui venait de rentrer d'exil, Molotov et d'autres, avec la majorité du Parti, s'en tenaient à une politique de nonconfiance au Gouvernement provisoire, s'opposaient aux partisans de la guerre et préconisaient une lutte active contre la guerre impérialiste. Le nouveau manuel répète que «Kamenev adopta une position semi-menchévique» à l'égard du Gouvernement provisoire, mais ajoute qu'« '1,Ile position incorrecte tendant à exercer une pression sur le Gouvernement provisoire pour l'ouverture immédiate de pourparlers de paix fut adoptée par J. V. Staline, qui l'abandonna bientôt pour se rallier à Lénine». Le rôle de Staline dans la révolution et la guerre civile est « dégonflé» et plusieurs falsifications historiques à cet égard sont maintenant supprimées. Mais Staline n'a pas été réduit à un rôle secondaire, bien qu'il apparaisse souvent comme un des dirigeants bolchéviks parmi beaucoup d'autres. Il n'est pas rare qu'il soit présenté comme le porte-parole du Parti, nettement derrière Lénine, néanmoins sans conteste comme le plus important des suiveurs du maître. Comme auparavant, le rôle de Trotski est fal-. sifié, mais d'une autre façon. Le Précis prétendait que le soulèvement bolchévique d'Octobre 1917 fut dirigé par un «centre » du Parti ayant à sa tête Staline. Le nouveau texte attribue l'organisation du soulèvement au Centre militaire révolutionnaire du Comité central, centre qui faisait partie dµ Comité militaire révolutionnaire du Soviet de Pétrograd. C'est à la tête de ce dernier organisme que Trostki joua un rôle si important en Octobre. Mais on ne le dit pas. On ne l'accuse plus d'avoir« par ses bavardages révélé à l'ennemi la date du soulèvement » (comme l'allègue encore l'introduction dans la nouvelle édition de Dix jours qui ébranlèrent le monde de John Reed), mais d'une manière sciemment équivoque «tout • le travail d'organisation du soulèvement» est attribué à Lénine qui « convoqua les membres du Comité militaire révolutionnaire ... ». Ainsi l'un des mythes personnels de Staline est démoli sans être remplacé par une relation véridique. Un autre de ces mythes, celui des hauts faits accomplis par Staline au front sud pendant la guerre civile, est aboli de même, après avoir été assidûment entretenu de son vivant. La défense de Tsaritsyne et le plan pour défaire Dénikine (plan qui, selon la version précédente, remplaça des propositions stratégiques suspectes de Trotski) servaient de supports artificiels aux titres de gloire de Staline dans la guerre civile. Dorénavant, Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE bien que «le Conseil militaire de la région du Caucase du Nord ait eu à sa tête J. V. Staline», le manuel veut que « la principale force dans la défense de Tsaritsyne ait été celle des unités ouvrières conduites par K. E. Vorochilov ». De même, bien qu'il soit question du changement apporté au « plan initial, selon lequel le coup principal devait être porté à partir de Tsaritsyne, ce qui . ne correspondait plus aux exigences du moment », le livre ne donne pas Staline pour son auteur. La défaite de l'Armée rouge dans la bataille de Varsovie en 1920 n'est pas non plus attribuée cette fois « à l'ordre désastreux donné par Trotski », mais simplement aux« erreurs du commandement soviétique». Le rôle de Staline avant et pendant la révolution, sans être totalement déprécié, est cependant nettement réduit. Staline reçoit son dû TOUTEFOIS,dans les chapitres consacrés à la lutte contre l'opposition, on lui rend son dû. Il est vrai que le nouveau manuel cite le «testament » de Lénine qui portait un jugement négatif sur le caractère de Staline et proposait de remplacer celui-ci au Secrétariat par quelqu'un d'autre ; mais on explique que le congrès du Parti ... ...prenant en considération les services rendus par J. V. Staline, sa lutte implacable contre le trotskisme et d'autres groupements antiparti, décida de le maintenir au poste de secrétaire général, à la condition que J. V. Staline tienne compte des critiques de V. I. Lénine et en tire les conclusions nécessaires. Les services rendus par Staline pour écraser l'opposition font l'objet d'éloges sans réserves. Ses brochures sont citées comme une défense du léninisme ; de son livre Problèmes du léninisme, il est dit qu'il aida « les communistes dans la lutte contre la perversion du léninisme (...) pour renforcer la foi de la classe ouvrière en la possibilité d'édifier une société socialiste dans l'Union soviétique par ses propres moyens, sans attendre l'aide étatique du prolétariat d'Europe occidentale». Culte sans personnalité Par comparaison avec la période où Staline lutta pour s'emparer du pouvoir, son règne personnel au cours des deux décennies suivantes est fortement minimisé. Il n'est nommé qu'incidemment et présenté alors comme subordonné à un corps politique collectif : il publia son article Le Vertige du succès « conformément à une décision du Comité central », il « fut placé à la tête des forces armées» pendant la guerre, etc. Toutes les décisionspolitiques et économiquesd'importance historique sont attribuées à la « sage politique du Parti et du gouvernement soviétique »et il est impossible de savoir, à lire le nouveau manuel, ce qu'était

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