Le Contrat Social - anno III - n. 6 - novembre 1959

P. BARTON mande - le N.K.V.D. procédait à cette opération au fur et à mesure de la libération du territoire - elle s'étendit ensuite aux rapatriés précédemment déportés en Allemagne, aux soldats retour de .. , . ,, . capttv1te ou qui s eta1ent tout simplement trouvés en contact avec l'Occident. Cette vague se prolongea jusqu'aux alentours de 1950-1951. Ce fut l'époque où la mortalité parmi les détenus et d~J?ortés atteignit son point culminant ; les prermeres mesures tendant à la limiter ne furent . , pnses qu entre 1948_et _1950 28 • A cela s'ajoutent les _no~bre,uses _privations que la population contmuait a_.s?bir . lo~gtemps encore après la ~ des hos~!es, amsi que l'adoption bien tar- ~v~ des medicaments nouveaux, telle la pénicillme, etc. ~l ~'es~ pas possible d'exprimer en données C?t~rees ~ effet de ces causes, car, fait en lui-même significatif, la statistique soviétique reste absolument muette sur le croît naturel jusqu'à 1950. Au demeurant, ses données ne nous seraient pas d'un g!~d, s~cours dès lors que l'excédent de la mortalite generale se trouve fortement déterminé par les décès, passés sous silence, des détenus. Cependant_ ~ne indicati~~ d'ordre numérique confirme mdirectement 1 importance qu'il faut attacher aux déportations parmi les éléments de la mortali~é accr~e :. les « pertes civiles », donc cette partie du. deficit global qui ne provient ni des combats ru de la dénatalité, se composent pour les trois quarts d'hommes et pour un quart sen!e~~nt de femmes 29 ; on sait que la grande maJonte des bagnards et déportés est de sexe masculin. Au sujet de la natalité, on dispose au moins d'une source d'information indirecte dans la sta~stiq~e des élèves des quatre premières années de 1enseignement. En partant de là les flottements ~e 1~ courbe ~es 1:1aissancespeuvent être recons- ~tues, app!oX1fDat1vement, à partir de l'âge théorique des ecoliers. Il faut procéder, bien entendu, ~v~c be~ucoup de_ préc,.aution~. ~iraben souligne a Jus~e titre combien l'age theor1que des effectifs scolaires peut s'écarter de la réalité : de nombreux élèves redoublent des classes, d'autres sont admis avant l'âge requis ; la guerre ayant empêché bon nombre d'enfants d'aller à l'école, les effectifs se trouvèrent . ~~s doute gonflés par la suite ; ~~ès les hostilites, des retards se sont produits s la fréquentation scolaire, surtout à la campagne (manque d'écoles, éloignement, etc.). Mais il ne semble pas que nous risquions en l'occurrence de mal interpréter le sens de l'évolution, tant les augmentations et diminutions des effectifs 28. Cf. Paul Barton : L'Institution concentrationnaire en Russie ( 1930-1957 ), Paris 1959, pp. 112-113, 287-289 et 293-304. 29. Warren W. Eason : u The Soviet Population Today ». 30. 11 L'Édification culturelle de l'URSS. Recueil statistique 1 , Moscou 1956, pp. 122-123 ; « L'aconomie nationale de l'URSS en 1956. Annuaire statistique », Moscou 1957, p. 246. Biblioteca Gino Bianco 369 sont marquées. Voici la statistique en question (en millions) 30 : Année Date de naissance scolaire hypothétique 1949-50 1938-39 - 1941-42 1950-51 1939-40 - 1942-43 1951-52 1940-41 - 1943-44 1952-53 1941-42 - 1944-45 1953-54 1942-43 - 1945-46 1954-55 1943-44 - 1946-47 1955-56 1944-45 - 1947-48 1956-57 1945-46 - 1948-49 Nombre d'élèves 22.66 19.67 16.44 13-39 12.l l 12.66 13.58 15.58 Différence - 2.99 - 3.23 - 3.05 - 1.28 + o.55 + 0.92 + 2.00 La différence entre deux années scolaires consécutives est, il va de soi, celle entre les élèves qui entrent dans la première année de l'~~seignement et ceu~ qui sortent de la quatrieme. Les enfants theoriquement nés en 193839 sont d~nc de 2.99 millions plus nombreux que ceux nes en 1942-43, lesquels ne sont dépassés que de 550.000 par ceux nés en 1946-47 ; la ~la~s~ 194~-4 7 apparaît donc de 2.44 millions i_nfer~eure a la classe 1938-39. On peut également etablir _d~ la sorte que la classe 1947-48 est de 2.31 millions au-dessous de la classe 1939-40 et la classe 1948-49, de 1.05 million au-dessous de la classe 1940-41. La reprise de la natalité fut encore plus lente que ne l'indiquent ces relations le mouvement des naissances ayant suivi un~ courbe fortement descendante au cours des années de référence 1938-41. La statistique est même plus probante si l'on compar~ ~es périodes flus longues, ce qui en o~tre redwt la marge d erreur possible. En proc~dant de même que rour les années prises séparement, on peut estimer que les trois classes 1942-43 à 1944-45, de 9.27 millions inférieures à celles de 1938-39 à 1940-41 (différence entre années scolaires 1949-50 et 1952-53), ne le sont que de 3.47 ~ons par rapport~ celles de 1946-47 à 1948-49 (difference entre annees scolaires 1952- ~3 et 1956-57~.. Il s'ensuit que, théoriquement, il y eut 5.8 millions de plus de naissances entre la seconde partie de 1938 et la première partie de 194~, qu'entre la seconde partie de 1946 et la prem1ere de 1949. En fin de compte, une simple comparais.on. des années scolaires 1949-50 et 1956-57 mdique que les enfants nés entre la seconde moitié de 1945 et la première de 1949 sont de p~ès d'un tiers mo~s, nombreux que ceux nés depws la seconde moitie de 1938 jusqu'à la première moitié de 1942. 11 est un autre indice qui suggère que la perte survenue de 19_39à 1949 s'inscrit pour une part nullement négligeable dans les dernières années de la décennie : la natalité relativement très faible p~ndant les années 50, dont il sera question plus lom. En résumé, le déficit de plus de 50 millions d'âmes s~mble se répartir de la faço11 suivante entre trots tr3:11chesde la période critique : pendant celle qw englobe la guerre contre la Finlande) les déportations opérées dans les territoire •

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