Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

228 D'abord, il est indispensable de faire quelque chose pour limiter l'amplitude des fluctuations des cours des produits de base. De nombreux pays africains dépendent très fortement du marché d'un produit unique : le cuivre pour la Fédération, le cacao pour le Ghana, le coton pour l'Ouganda et le Soudan, le caoutchouc pour le Libéria, et l'on pourrait citer bien d'autres exemples. Une baisse brutale du prix d'un de ces grands produits peut en un an coûter plus d'argent au pays qu'il n'en reçoit du dehors. Naturellement, à longue échéance, la meilleure solution est de diversifier ces économies fondées sur une ou deux productions. · En second lieu il est certain que les administrations publiques et la Banque internationale seront la source principale des capitaux destinés à édifier l'infrastructure qui manque encore à la plus grande partie de l'Afrique. Mais le besoin d'un autre organisme financier international se fait fortement sentir, car la Banque internationale s'est attachée à effectuer des investissements sûrs et rémunérateurs dans les parties de l'Afrique qui en avaient le moins besoin. La solution pourrait être dans le S.U.N.F.E.D. *, le fonds spécial qu'on a proposé de créer auprès des Nations • 11n1es. Une forte proportion des capitaux éventuellement fournis devrait aller à l'agriculture, car un relèvement de la productivité agricole est une condition absolue du progrès économique dans la majeure partie de l'Afrique. Nous avons déjà mentionné comme moyens d'améliorer l'état de l'agriculture la lutte contre l'érosion, le freinage de la surexploitation des pacages et le remembrement des parcelles. De simples barrages établis en surface pour conserver les eaux de pluie peuvent transformer de vastes régions de l'Afrique-Occidentale Française, du nord de la Nigeria et du nord du Ghana. La sélection du bétail aiderait grandement, elle aussi, à élever le revenu des indigènes. Une agriculture ainsi modernisée libérerait vraisemblablement de la main-d'œuvre. Cela veut dire qu'il faudrait diriger davantage de capitaux vers les régions surpeuplées, surtout si elles ont· des possibilités de développement industriel. Le Nyassaland, par exemple, est le territoire de la Fédération qui a la plus forte densité de population. Dans la vallée du Sbire, il possède un site qui pourrait donner lieu à un aménagement hydro-électrique intéressant, tout en permettant d'irriguer les régions avoisinantes. Or, pour le moment, 1 % seulement de la puissance électrique installée dans l'ensemble de la Fédération se trouve au Nyassaland. • Special United Fund for Economie Development : Fonds spécial des Nations unies pour le développement •économique des pays sous-développés. (N.d.l.R.) Biblio eca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL D'autre part, jamais l'Afrique ne connaîtra de développement industriel rapide si l'industrie ne trouve pas en Afrique même de vastes débouchés, ce qui veut dire, en dehors de l'Afrique .du Sud, de vastes débouchés indigènes. Toute tradition ou législation qui limite les possibilités de gain des Africains se révélera, en fin de compte, aller contre son propre but, sur le plan écono- • truque. Enfin, en même temps que des capitaux, les pays hautement développés doivent fournir des techniques et des possibilités de formation. Le besoin le plus urgent de l'Afrique est celui de techniciens. Depuis la guerre, le Colonial Office a recruté chaque année en Grande-Bretagne, et envoyé en Afrique, 1.300 techniciens et experts des deux sexes, au lieu de 300 par an avant la guerre. D'autre part, à la fin de 1956, on comptait dans les établissements d'enseignement anglais ~ quelque 12.600 étudiants coloniaux. Malgré la création sur place d'11niversités et de centres de formation professionnelle, ces études à l' étranger restent indispensables, pour la simple raison que les pays africains sont encore incapables d'offrir des possibilités d'études dans un grand nombre de disciplines . On peut donc dire, économiquement parlant, qu'il y a trois Afriques : l'Afrique arabophone, au nord du Sahara ; l'Afrique sous-développée, qui va du Sahara au Congo, et englobe les trois Hauts-Commissariats * et les deux grandes colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique ; et enfin les pays agités, qui connaissent un développement rapide et où les Blancs détiennent le pouvoir : l'Union Sud-Africaine, la Fédération et le Congo belge. L'Afrique a grandement besoin de paix pour se développer, pour que les capi- , , . , taux etrangers se sentent en secunte, pour que les techniciens européens et la main..;d'œuvre indigène puissent coopérer enfin, pour que le perfectionnement des méthodes agricoles et la diffusion de l'enseignement, tous processus assez lents, puissent donner leurs fruits. Mais à la fois parce que l'Afrique sous domination blanche a pris de l'avance sur le reste du continent, et parce· que, dans chaque territoire, les Européens ont beaucoup à perdre et les Africains tout à gagner, il faut s'attendre que, dans l'avenir im- . médiat, l'agitation politique prenne le pas sur le développement économique pacifique .de l'Afrique. ( Traduit de l'anglais) SHIRLEY WILLIAMS. , \ • Le Bechouanaland, le Basoutoland et le SwaziJand. (N.d.l.R.J

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