226 et le lancement de quelques industries expérimentales. Les progrès économiques que l'Afrique du Sud a faits au cours des cinquante dernières années montrent cependant qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir. La clé de la croissance économique, ce sont les capitaux, des capitaux constitués en Afrique même ou venus du dehors. D'où pourra-t-on les tirer ? Ils peuvent provenir d'abord des bénéfices réalisés, en l'état actuel des choses, par l'industrie et l'agriculture. Le Congo belge a financé luimême, par des réinvestissements de bénéfices, 70 % des 360 millions de livres prévus par le Plan décennal de développement. Quand, après 1956, les capitalistes étrangers se sont détournés des placements en Afrique du Sud, les intérêts économiques locaux ont réussi à trouver sur place les fonds nécessaires, et les investissements ont avoisiné, chaque année, 20 % du revenu national. De même, la presque totalité des 74 millions de livres investis au Ghana en vertu du Plan de développement 1951-56, ont été pris sur les fonds de l'Office de commercialisation du cacao. De même, le cuivre paie une fraction importante de la mise en valeur de la Rhodésie, et la chute des cours de ce métal a été la principale raison du ralentissement que le développement de ce pays a connu en 1957. En second lieu, les investissements privés étrangers jouent un rôle essentiel dans le financement de la mise en valeur, spécialement en Afrique du Sud, dans la Fédération, au Congo belge et encore récemment au Maroc, en Tunisie et. en Algérie. En Afrique du Sud, par exemple, la grosse masse des 640 millions de livres investis au cours des 9 premières années d'après guerre (500 millions fournis par les investisseurs anglais) était d'origine privée. Dans la Fédération de l'Afrique centrale, où les capitaux étrangers investis en 1957 ont atteint 29 millions de livres, 70 % sont de sources privées. Dans les autres dépendances britanniques, ces sources fournissent en moyenne la moitié des capitaux qui viennent de l'extérieur. E~ troisième lieu .il y a les çapitaux d'origine publique que fourn1ssent les Etats étrangers, la Banque internationale, etc. Ils constituent la moitié ou même plus des capitaux qui entrent dans les régions les moins favorisées. La France est, en Afrique, la grande pourvoyeuse de ces capitaux d'État; par l'intermédiaire du F.I.D.E.S. (Fonds d'investissement pour le développement économique et social), elle a déversé près de 400 millions de livres sur l'Afrique noire entre 1946 et 1958, et elle continue de lui fournir des capitaux à la cadence d'environ 60 millions de livres par an. Si l'on ajoute à cela les charges financières de la guerre d'Algérie, les sommes que la France consacre à l'Afrique, avec ou sans le consentement de cette dernière, sont évidemment considérables. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Par · comparaison, les investissements publics anglais n'ont· rien d'impressionnant. De 1946 à 1960, 230 millions de livres auront été fournis par le Colonial Development and Welfare Fund. Il y a aussi la Colonial Development Corporation qui, à la fin de 1957, avait consenti en crédits 80,5 millions de livres. L'aide directe accordée aux territoires coloniaux pour les défrayer de leurs· dépenses administratives, les secourir en cas d'urgence, etc.,. atteint environ 25 millions de livres par an, dont une partie est à même de contribuer au développement économique. Mais ces chiffres se rapportent à l'ensemble des dépendances anglaises et pas seulement à l'Afrique. La somme annuelle qui va spécialement à l'Afrique ne dépasse probablement pas 25 millions de livres. Il est vrài que le gouvernement anglais favorise " les investissements par deux autres voies. L'une consiste dans la garantie des emprunts émis à Londres par les gouvernements et les services publics africains, à qui il permet de faire librement appel aux ressources de ce marché. D'autre part, il se sert de fonds en livres sterling pris sur sa contribution au capital de la Banque internationale pour souscrire aux emprunts que la Banque émet en faveur de la zone sterling ; le prêt consenti par la Banque internationale pour le barrage de Kariba a été financé de cette façon à concurrence de 10 millions de livres. A considérer l'ensemble de cette question des investissements en Afrique, on en arrive inévit,ablement à la conclusion que, comme disent les Ecritures, « il est donné à ceux qui possèdent déjà ». La moitié des nouveaux investissements effectués depuis la guerre a été faite en Afrique du Sud, au Congo belge et dans la Fédération · de l'Afrique centrale. L'attrait exercé par ces trois territoires a été tel qu'ils ont attiré à la fois les capitaux publics et l'argent des investisseurs privés. La Colonial Development Corporation elle-même a placé dans la Fédération près du tiers des fonds qu'elle était en mesure de prêter. • Facteurs favorables aux investissements POURQUOcIes pays sont-ils si attrayants ? Le fait est qu'ils se développent rapidement, au rythme de 6 à 1 o % par an_.Les sommes mises de côté chaque année aux fins d'investissement y sont élevées : elles vont de 20 à 39 % de la dépense nationale. Ces taux de croissance fantastiques ont fait faire des bonds aux revenus nationaux; celui de la Fédération, par exemple, est passé de 147 millions de livres en 1950 à 326 millions en 1957, et celui de l'Afrique du Sud a progressé de 741 millions, en 1947-48, à 1.796 millions en 1956-57. Politiquement, l'investisseur a été rassuré par l'idée que le Blanc était maître de la situation 1 dans ces territoires, qu'il s'agît des hommes d'affaires belges ou des colons blancs de Rhodésie.
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==