FASCISME ET COMMUNISME par Léon EtneryVAN~ 1914 la plupart .des États pouvaient être classés sous deux rubriques : d'un côté les démocraties parlementaires dont il importait assez peu qu'elles fussent présidées par un roi ou par un magistrat élu, de l'autre les autocraties dominées par une famille régnante et une caste nobiliaire. En 1912, la révolution chinoise fut le prodrome des bouleversements que généralisa la première guerre mondiale ; alors paraît le communisme qui pendant dix ans s'efforce d'étendre son emprise sur le globe. Il conquiert la Russie et la Sibérie, s'empare pour quelque temps de la Hongrie, menace la Pologne et l'Allemagne; contenu en Europe, il s'impose à la jeune république de Canton et, par elle, à toute la Chine centrale. La prise de Changhaï en 1927 marque son ,. extreme avance. Mais déjà une autre vague, non moins puissante, se propageait sur différents secteurs de la planète. Sans se soucier des programmes ou des étiquettes, Mustapha Kemal avait dès ;r920 jeté les bases de la nouvelle Turquie dictatoriale et nationale ; en 1922, l'Italie qui glissait visiblement vers le communisme opère une conversion qui la range sous le commandement de Mussolini et elle introduit officiellement le fascisme dans l'histoire. Son exemple séduit plus ou moins les États de l'Europe centrale et balkanique jusqu'au moment où l'Allemagne hitlérienne fait paraître un autre centre ' ttraction, à la fois semblable et concurrent. Entre la surrection italienne et la surrection allemande 'était placé le revirement de Tchang Kaï-chek, écrasant la gauche cantonaise et instaurant sa dictature sur la Chine, cela pendant que le Japon poursuivait en un style très personnel son expérience fasciste et se préparait à entrer en scène sur le continent. Longtemps on put se demander ce que seraient les rapports réels entre fascisme et communisme, çar bien des indécisions et des éqajyoqu~~ ~ubsis- . .. Biblioteca Gino Bianco . taient à cet égard ; la seconde guerre mondiale a fourni une réponse probante, étant bien entendu que sans l'intervention massive des démocratie~, donc principalement des États-Unis, la victoire du fascisme ne faisait pas question. Sa défaite et son impuissance laissent 1~ champ libre poùr une nouvelle invasion communiste qui n'est arrêtée que de justesse en Occident, qui recouvre presque toute l'Europe centrale, qui en 1948 fait tomber le bastion tchécoslovaque et sub~C!rge toute la Chine, laquelle va bientôt annexer la moitié de la Corée et la moitié du Viet-Nam. Depuis que cette formidable poussée s'est amortie, tous les regards sont tournés vers un autre phénomène, vers la multiplication rapide d~s Etats asiatiques ou africains promus à ce qu'il est convenu d'appeler l'indépendance et qui, en quelques années ou en quelques mois, évoluent vers la dictature militaire ; rien qu~en· ces derniers mois la Thaïlande, la Birmanie, le Pakistan, l'Irak, le Liban, le s·oudan se sont ajoutés à une· série copieuse d'exemples connus. N'y a-t-il ,là qu'une crise de transition qui prépare le passage d'organismes débiles sous 1~obédience communiste ? S'agit-il au contraire d'une deuxième poussée fasciste de grande envergure ? Il est clair que nos supputations doivent· demeurer très prudentes, mais non ·moins clair que ·'l'option sera de toute manière décisive. EN UN RÉCENTcongrès du parti socialiste,. un. orateur répétait qu'à ses yeux fascisme et communisme sont la même chose. C'est l'évidence, si l'on veut seulement les situer par rapport à la conception démocratique de la liberté politique ; c'est vrai en gros, si l'on se borne à l'analyse des structures, ·si l'on met l'accent sur des traits communs tels que l'omnipotence du parti unique et de la caste des chefs, la réduction des élections
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