242 pourtant évoluée, est encore très arriérée quant aux conditions préalables d'un État démocratique. 15 Kautsky estime à juste titre que la démocratie est primordiale; un territoire dépendant ne s'émanciperait nullement s'il n'échappait à la domination d'une métropole - laquelle, sous l'influence grandissante du socialisme, l'acheminerait graduellement vers plus de liberté intérieure et extérieure - que pour tomber sous un régime despotique, si «national» soit-il. Tout en reconnaissant la nécessité d'en finir avec le colonialisme, le socialisme est tenu d'agir en sorte que cette évolution irréversible n'aboutisse, pour le mouvement ouvrier des colonies, à des conditions d'activité plus dures que celles que lui assure la domination métropolitaine en voie de démocratisation. Ne mentionnons qu'en passant cette autre nécessité de préserver des liens économiques qu'un despotisme, toujours enclin à l'autarcie, n'a que trop tendance à rompre ou à distendre. LE succÈs bolchéviste d'Octobre a ainsi ·freiné depuis quarante ans l'évolution doctrinale du socialisme en fonction du développement de la société moderne. La résistance au bolchévisme empêchait les socialistes de concentrer leurs efforts sur l'analyse des structures nouvelles et des tâches nouvelles qui en découlent. D'autre part, l'ascendant exercé par le «pays du socialisme » rendait un grand nombre de socia15. K. Kautsky, Sozialisten und Krieg, p. 662. Biblioteca Gino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES listes imperméapl~s . aux révisions élaboré~s par les meilleurs theonc1ens. Enfin, par son existence même et son action dans la politique internationale, l'Union soviétique a créé des problèmes que ni l'Internationale socialiste, ni les grandes puissances, ne se montrent capables de résoudre. , Cependant, l'évolution du socialisme dans le sens d'un réformisme. que justifie l'expérience a été freinée, mais non pas arrêtée. La politique socialiste rejoint aujourd'hui !'Engels de 1895 et ses continuateurs~ Elle a surmonté les obstacles que les dogmes commu!1istes~e.1917 avai~~t érigés jusque dans les partis socialistes tradittonnels. Une évolution semblable est en cours dans les pays soumis à l'Uni?n soviétique,, où. le réveµ intellectuel est atteste par les persecuttons policières, seul barrage que l'on soit capable d'opposer là-bas à la force des idées. La jeunesse, bourrée de «marxisme-léninisme», réagit à l'incompatibilité qui s'avère entre la réalité qui l'entoure et le dogme qu'on lui enseigne. Rongée par le doute, elle remonte de Staline à Lénine, de celuici à Rosa Luxembourg, de celle-ci à Marx et Engels jeunes, dont les idées insurrectionnelles s'apparentent aux thèses officielles de Moscou. Après quoi elle découvre les écrits de Marx-Engels d'après la Commune de 1871 et qui rendent déjà un autre son. Le dernier pas, décisif, fut accompli en 1956 par le professeur allemand Wolfgang Harich qui recommandait à ses amis de s'inspirer à certains égards des vues du « renégat » Kautsky. Ils finiront bien par découvrir Karl Renner, dont l' œuvre représente la q11intessencedu marxisme réformiste du milieu du xx0 siècle. LucmN LAURAT , ..
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