Quelques Un démocrate allemand WILLY BRANDT et RICHARD LOWENTHAL : Ernst ·Reuter, ein Leben für die Freiheit. Munich, Kindler Verlag, 1957. . BERLIN-OUEST n'est toujours intégrée qu'en partie à la République fédérale, dont 1 a capitale reste Bonn. Cette intégration est toutefois symbolisée par l'élection de Willy Brandt, le nouveau maire de Berlin, à la présidence de la Diète des Lânder de la République fédérale. Mais on ne sait pas encore assez qu'Ernst Reuter, qui fut maire de Berlin jusqu'à sa mort prématurée en novembre 1953, fut l'un des architectes de cette république. Dans son livre sur l'Allemagne d'après guerre, celle qu'en· France on incline à appeler l'Allemagne d'Adenauer, F. R. Allemann a montré comment le blocus de Berlin par les Soviets a accéléré la création d'un État allemand occidental.* Or, ce blocus fut la conséquence directe de la décision des autorités municipales de Berlin d'adopter la nouvelle monnaie occidentale, la Deutschmark. A l'époque, Ernst Reuter n'était pas encore le maire en titre de la ville, son élection s'étant heurtée au v-eto soviétique. Mais si, officiellement, Luise $chroder dirigeait alors l'administration, Reuter était déjà en fait l'inspirateur de la politique berlinoise. Or, on peut dire que ce sont les Berlinois êtix-mêmes qui ont imposé la mesure monétaire dont ni les Occidentaux, ni les experts allemands du Conseil économique de Francfort ne sentaient alors l'importance. . Plus tard, la social-démocratie officielle, et avant tout son chef, l'intransigeant Kurt Schumacher, doutaient encore de l'opportunité de . , . constituer « une structure proprement etat1que, superflue pour le bon fonctionnement de l'organisation ouest-allemande». Plaidant alors pour une attitude plus constructive, Ernst Reuter bénéficiait de l'autorité et du prestige que -lui conférait la résistance des Berlinois. « Nous, à l'Est, dit-il, ne pouvons supporter que l'Ouest s'en tienne à son statut actuel. Nous sommes d'avis que la stabilisation économique et politique de l'Ouest est la condition indispensablede l'assainissement de notre • F. R. ALLEMANN : Bonn ist nicht Weimar. Cologne Kieoenheuer & Witsch, 1956. Biblioteca Gino Bianco propre situation et du retour de ·ia zone russe · à la • patrie commune. » La biographie monumental~ d'Emst ·Reuter qui vient de paraître, quatre ans après la disparition à l'âge de soixante-quatre ans de cet homme llors de pair, explique encor~ mieux le lien entre la création d'une monnaie allemande saine ·et celle d'un État allemand occidental et révèle dans tous les détails le rôle éminent qui échut lors de ce tournant historique à Berlin, c'est-à-dire à· Ernst Reuter. · Si Reuter -eut le mérite de saisir d'emblée la signification politique d'une mesure d'apparence purement technique, c'est grâce à la conjonction singulière, tout au long de sa carrière, du sens politique, de la compétence technique et de l'expérience intime du communisme. Le socialiste Reuter fut un humaniste, un cosmopolite dans l'acception véritable du mot .:__ celle qui précisément valut à ce terme de devenir une injure-et un chef d'accusation dans l'empire de Staline. Autant que l'homme politique, c'est l'humaniste Reuter qui sut faire de la lutte de Berlin contre l'étranglement communiste un exemple de démocratie militante. Grâce en partie à la personnalité même de Reuter, cette lutte ne fut à aucun moment confondue avec .la guerre des Empires où la capitale du Troisième Reich avait symbolisé une gigantesque machine d'oppression et d'extermination. UNE EXISTENCE,une carrière exceptionnelles avaient préparé Reuter à ce rôle qui l'appelait à cumuler l'administration d'une ville ruinée et · affamée, occupée et divisée, et des tâches d'homme d'État, de diplomate et de tribun. C'est cette expérience unique que retracent les coauteurs de l'ouvrage dont il s'agit ici. L'esprit civique et positif de Reuter, aussi bien que sa fidélité à des principes, pourraient s'expliquer, du moins en partie, par ses origines. Sa famille, originaire de Basse-Saxe et établie en Frise, comptait un grand nombre d'échevins, de pasteurs, de professeurs. Or, en Allemagne, la ville libre bien plus que la nation a été une école de démocratie et ce n'est pas un hasard si après l'écroulement de la nation unitaire, ce sont certaines villes qui ont émergé comme centres de conscience politique, et que les deux hommes qui ont le plus
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