Le Contrat Social - anno II - n. 1 - gennaio 1958

. Bicentenaire de Robespierre L'HOMME DE LA VERTU par Robert Petitgand UN SIÈCLE ET DEMI après les événements, la personnalité de Robespierredemeure énigmatique. Ce ne sont pourtant pas les études qui ont fait défaut ; plus que tout autre personnage de la Révolution, en effet, Robespierre a retenu l'attention des historiens, èt cela depuis cinquante ans surtout. Ses idées, son action politique, sa physionomie morale, sa vie privée même, ont fait l'objet d'analyses minutieuses - dont beaucoup s'alimentent aux sources d'une documentation abondante et S'Juvent inédite- mais peut-être, parfois, tendancieuses. Car la passion n'en est pas toujours absente : elle a même inspiré, sinon dirigé la recherche, et il est facile de déceler un dessein apologétique ou une intention de dénigrement jusque dans les travaux des historiens les plus sérieux. En pareille matière, il est difficile d'être neutre ; cet homme, en qui s'incarne le gouvernement de la Terreur, n'a-t-il pas inspiré, de son vivant, la plus forte hostilité en même temps que la plus vive sympathie? L'admiration des uns, la haine ou le mépris chez les autres. Depuis lors, la polémique n'a pas cessé. Tout au plus peut-on noter que certaines époques semblent réunir les esprits dans la réprobation et condamner un homme dont on dénonce la nature perfide et l'ambition démesurée, alors que d'autres - la nôtre est du nombre - sont prêtes à l'exalter et admirent sans réserve la sincérité du révolutionnaire, jointe à la vertu de l'homme Biblioteca Gino Bianco Que m'importe qu'ils poursuivent l'aristocratie, s'ils assassinent la Vertu. ROBESPIERRE Il ira loin ; il croit tout ce qu'il dit. MIRABEAU d'État. En dépit de tous ces jugements, le problème demeure : si le développement des études historiques sur la Révolution et sur Robespierre en particulier a quelque peu relégué à l'arrièreplan l'ambition personnelle, et démenti l'accusation fréquemment lancée contre l' Incorruptible d'avoir aspiré à la dictature, certaines questions essentielles, à notre sens, n'en sont pas pour autant élucidées. Quelles étaient les véritables intentions de Robespierre? Voulait-il fermer la Révolution derrière lui, comme certains l'ont cru, ou bien se disposait-il à imprimer à la Terreur un mouvement plus terrible encore? Ne s'agissait-il pour lui, à la veille de Thermidor, que d'en finir avec une poignée de « corrompus », seuls obstacles à l'instauration d'un ordre révolutionnaire qui peut-être aurait brisé les échafauds, ou bien la poursuite exaspérée du «crime» jusque dans les replis du cœur humain allait-elle le conduire à de nouvelles hécatombes ? Les jugements qui suivent, portés à des époques différentes par des gens qui furent des acteurs du drame, ou qui méditèrent sur les événements, permettront peut-être au lecteur de formuler pour lui-même une réponse aux questions que posent la personne et l'action du chef montagnard. Notre choix implique de larges emprunts aux contemporains : en effet, le témoi- •

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