14 La Crise orientale des années 30-40 au XJXe siècle et le mouvement muride, de D. P. Markova (dans les ls,toritcheskié Zapi,ski de l'Académie des Sciences de l'URSS, t. 42); une monographie consacrée à Chamil par F. N. Koroukine dans la revue Prépodovanié istorii v chkolé (L'enseignement de l'histoire à l'école, n° 6 de 1950); « L'Idéologie réactionnaire du muridisme » dans le recueil Problimes de l'histoire de la religion et de l'athéisme (t. 6, Moscou, 1954), etc. TOUTESCESŒUVREScondamnent irrévocablement Jè mouvement muride. Leurs arguments peuvent . , . . se resumer ams1 : ...:...L. a conquête de la périphérie musulmane a été un acte positif et progressiste, car elle l'a arrachée au joug féodal et préservée d'une conquête étran- ·_gère anglaise ou turque. Les peuples allogènes . ont pu, dépassant le régime « colonialiste » des .tsars, entrer en rapports avec le grand peuple russe « frère et ami» qui leur a ouvert l'accès à la vraie culture. · .·. - Les mouvements antirusses, y compris les soulèvements prérévolutionnaires de 1916, ne peuvent être qualifiés de cc populaires », car ils ·~taient à direction féodale, d'inspiration religieuse, .et surtout au service d'une cause étrangère (Turquie, Angleterre, Iran). . - Les allogènes, surtout les éléments les plus •évolués, attendaient avec impatience l'arrivée des LE CONTRAT SOCIAL troupes russes qui devaient les libérer de la tyrannie. Tous ces arguments sont constamment renforcés de citations, généralement truquées, de Marx et d'Engels, lesquels auraient reconnu « le caractère historiquement positif et progressiste de la pénétration russe en terre .d'Islam». Si l'on cherche à tirer la leçon de cette campagne, on constate qu'elle avait surtout pour but. de prouver : - Que la Russie soviétique prolonge la Russie impérialiste. Le peuple russe est le frère aîné · de tous les peuples soviétiques qui ne peuvent progresser que protégés par lui. Par conséquent, il est néfaste de rappeler que les allogènes furent autrefois ennemis des Russes. · - Que seuls les mouvements socialistes considérés à Moscou comme tels, ou à direction socialiste, sont progressistes et peuvent être couronnés de ' succes. . Tandis que les premières propositions étaient destinées - à apaiser l'agitation des· peuples de l'URSS, la dernière s'adressait à l'étranger. Il faut rappeler ici qu'entre 1947 et 1955, le Kremlin a divisé le monde en deux blocs irréductibles, rejetant vers les États-Unis tout ce qui n'était pas socialiste . Entre les deux, point de salut. Une ·seule voie pouvait mener au communisme à forme unique : la voie et la forme russes. C'est au nom de ces· prin.- cipes que Moscou condamnait alors .les fronts nationaux à direction non communiste et accusait les gouvernements nationaux-bourgeois des anciens pays soumis, tels l'Inde, . le Pakistan ou l'Égypte., de cc subordination à l'impérialisme». III. Retour à Pokrovski et réhabilitation du muridisme A PRÈS LA MORTde Staline, les autorités soviétiques · tentèrent de libéraliser progressivement le régime et ces tentatives s'étendirent aux problèmes · historiques des républiques musulmanes, mais les thèses de Baghirov se maintinrent pratiquement sans changement jusqu'au xx0 congrès du Parti en février 1956. Jusqu'à ce moment la presse sovié- .tjque, ne sachant ·pas dans quelle .direction allait . . ·tourner le vent administratif, évitait de traiter le sujet du muridisme caucasien. On peut considérer comme une exception l'article d'A~ V. Fadéiev, intitulé cc De la base sociale interne du mouvement m~diste au Cauca~e » et publié dans les Voprosy lstorii (n° 6, de juin 1955), conforme dans son ensemble à l'esprit des thèses de Baghirov, mais :dans lequel l'auteur se permet de réfuter prudemment certaines des .accusations les plus grossières portées contre Chamil et affirme que cc ses partisans ·n'étaient pas recrutés seulement parmi les féodaux ët les clercs fanatisés, mais aussi dans les masses .p. 9ussées au désespoir par les actions des autorités , , . .. . 1rttsses ». Biblioteca Gino Bianco En janvier 1956, un nouveau pas est franchi : la· revue Voprosy 1storii réunit en conférence plus de six cents savants pour établir son programme annuel. Le muridisme ayant été évoqué, les participants exigèrent une revision des conceptions chauvines en honneur à l'époque stalinienne. E. M. Bourdjalov, rédacteur en chef adjoint de la revue, affirma même qu'il fallait écarter les théories « regrettables , de Baghirov (celui-ci avait été arrêté entre temps et sera exécuté en avril 1956). De même E. K. Lavrov, professeur à l'Université de Moscou, déclara que la « lutte des montagnards du Caucaset pour leur indépendance et leur liberté a été héroïque », et il ajouta : On a trop idéalisé la politique colonialiste de la Russie au Caucase; on a trop passé sous silence l'extermination des montagnards par les forces années tsaristes. On à trop affirmé que la lutte a été menée par les seuls murides, alors que des dizaines de milliers de montagnards ont' pris part aux hostilités. On a nié le caractère populaire de cette lutte et exagéré le rôle. des puissances étrangères dans sa préparation... · : ·
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