Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

M. COLLINET caractère nécessaire et sacré, pour provoquer leur désagrégation dans les faits comme dans la conscience des peuples. Marx prévoyait la fin de la propriété privée par le jeu des forces productives. Constatons qu'elle s'est suffisamment assouplie et même socialisée pour les canaliser en abandonnant son aspect sacré ; elle s'est f onctionnalisée. Les certitudes de Marx s'évanouissent dans les formes nouvelles où s'unissent parfois les catégories antagoniques sur la rigidité desquelles il fondait ses prévisions. La caus·e profonde en est dans le caractère fonctionnel de plus en plus marqué des activités humaines. Le propriétaire vivait de son état social et à travers lui ; le cadre dirigeant vit de sa fonction sociale et à travers elle. Si la propriété n'est plus le seul pilier soutenant les privilèges d'une classe, s'ensuit-il que la société tende à devenir de plus en plus ouverte ? Il serait imprudent de l'affirmer. Le développement technique par ses exigences (division du travail plus précise, organisation plus minutieuse, standardisation des besoins) ne joue en faveur ni d'une 83 plus grande liberté, ni d'un dépassement du rôle fonctionnel de l'individu. De nouvelles servitudes sont inévitables si l'homme se révèle incapable ~e maîtriser les forces qu'il a créées ; il n'est pas absurde de concevoir qu'un excès de technicité reconstruise une société fermée, organiciste, où les individus seraient numérotés d'après leurs fonctions : le « meilleur des mondes» d'Huxley ... L'initiative n'y serait plus que l'apanage d'une poignée de dirigeants sélectionnés. Le communisme totalitaire combine cette vision avec la réalité plus sordide d'un esclavage qui a ses lettres d'ancienneté dans le passé humain. Le fait qu'il n'existe que par une contrainte systématique sur les individus incite à croire que l'homme du xxe siècle a encore le besoin vital d'une société ouverte où il puisse transcender sa situation et se faire un destin dont les contours restent mystérieux, n'en déplaise aux prophètes d'un certain déter- • • m1rusme. MICHEL COLLINET ·--------- ... BibliotecaGinoBianco

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