De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

94 ~OTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS grande indignité. Ce phénomène a du reste, comme les précédents, sa raison dans le meme principe. Il ne tient point à un hom1ne; il est l'effet de la dégradation morale du pays. Le coup d'État du 2 décembre ayant été dirigé, ainsi que nous l'avons dit, contre une démocratie révolutionnaire, à laquelle le respect de la liberté . et de la légalité donnait un ascendant irrésistible; le salut des intérets pris pour raison d'État et déclaré supérieur à la J ustice; la constitution impériale fai te par conséquent à l'encontre du droit, en méfiance du droit, _ les conséquences dev:aient etre; et elles ont été : Que le chef de l'État serait omnipotent; Que son·pouvoir s'exercerait sans contròle; Que la propriété, qui avait eu jusque--là pour appui la sanction sociale, relèverait désormais de l'-autorité gra- . cieuse du prince; , Que les finances de l'Etat seraient soumìses à une compta_bilité secrète, comme si elles se confondaient avec la liste civile ; En un mot, que l'ordre public, la sécurité et la fortune des citoyens reposeraient à l'avenir, non plus Rur un système de pondérations et de garanties, .mais uniquement sur le génie d'un homme et sur sa probité. Dans cet état de choses, admettez la liberté et la pu~ blicité de discussion, et tout l'édifice croule : la société se trouve reportée à la veille du 2 décembre, et les intérets en présence de la Révolution. Que faire dans une situation pareille? J_;egouvernement impérial nous lemontre, et l'expérience n'est pas nouvelle. Comme on ne saurait tout à fait supprimer la presse, pas plus que la pensée, on a pris le parti de la faire parler comme Philippe de Macédoine faisait parler la Pythie, au gré Biblioteca Gino Bianco -

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