De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAJRCISSEMENTS 69 controverse tombe : le mystère de l'affliction du juste est expliqué, autant du moins qu'un mystère peut s'expliquer par un autre mystère. Pélage et ses adhérents étaient dans le vrai, lorsqu'ils accusaient saint Augustin d'outrer le sens des mythes et d'innover dans la religion. Malheureusement pour leur thèse, la corruption des mmurs était telle, qu'elle formait un mystère plus inco1npréhensible que celui meme du péché originel. Rien ne pouvait alors expliquer une se1nblable dégradation ; aucun effort de la discipline humaine ne paraissait capable d'en opérer la guérison : le cas était véritablernent désespéré. L'expérience, plus forte que tous les raisonnements, sem- .blait ici s'élever contre Pélage; et ce qui légitime, en quelque sorte, sa condamnation, c'est que la renaissance des mmurs dans le monde converti fut due précisément à l'humiliation profonde et au repentir amer que jeta dans les ames la théorie du péché originel. Une dernière considération assurait le triomphe du dogme de la chute : c'est que la religion, bien étudiée, l'implique nécessairement. L'adoration est une confession. Sous quelque aspect qu'on l'envisage, la religion présuppose cette idée, que thomme est impuissant, par lui-mème, à faire le bien; que son existence sur la Lerre n'est pas en rapport avec sa destinée; que seul il ne se suffit pas; que son ètre est malade, etc., etc. : toutes idées qui impliquent une dégr,tdation, une anomalie ou mutilation, ce qui au fond est toujours la men1e chose. BibliotecaGino Bianco

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