De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ECLAIRCJSSEMENTS 209 particulier, est d' ailleurs le sens li ttéral, e' est certainement Virgile. Virgile est le chantre d'une religion nouvelle, de la religion qui plus tard devint le christianisme, c'est à dire, la symbolique la plus complète de l'ame humaine et des destinées de l'Humanité. Suivant ce grand poète, philosophe, hiérophante et novateur, un Esprit infini agite la matière, entretient la vie dans l'U nivers, donne naissance à tous les etres vivants. Nos ames en sont des semences, semina, des émanations. En autres termes, Dieu, l'esprit infini, éternel, absolu, qui ne se révèle qu'en se particularisant et s'unissant, sous la forme d'ames, a des corps organisés, Dieu est- en nous, Dieu est chacun de nous, il est la puissance qui ~ous fait etre; il est, par conséquent, au point de vue épique, notre souverain. Le mot est à double sens, potestas. C'est le contraire de ce que dit saint Paul : Nous vivo_nsen IJieu,.nous nous mouvons, nous sommesen IJieu. La doct~ine de Virgile a été abandonnée, bien que, sur ce point particulier, elle fùt peutétre .plus près de la vérité, - il s'agit ici de vérité métaphysique, - que celle de l'Apotre. Virgil~, ainsi que nous le montrerons ailleurs (Étude IXe), en entreprenant son poème, ne faisait pas ·ceuvre de fantais.ie pure ni de pure nationalité; sous les nol!ls des dieux vulgaires, c'est la foi de l'avenir qu'il exprimait, comme il chantait, dans la gloire de Rome, la· grandeµr de la civilisation. Ceci admis, et personne ne le saurait contester, le poème de Virgile, imitation, au premier coup d'reil, de ceux d'Homère, acquiert une originalité unique dans les fastes de la poésie. Les expressions que Virgile emprunte à l'Iliade et à l'Odys-. sée, ont dans sa -langue une portée qu'elles n'avaient T •. I. 18 BibliotecaGino Bianco

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